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Les petits chevaux de Tarquinia (1953)

Marguerite Duras

mercredi 20 mai 2015

par (Jacqueline)

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Des vacances en Italie...

Quand Marguerite Duras écrit ce roman : « Les petits chevaux de Tarquinia » elle a 39 ans.

L’histoire se passe quelque part en Italie, au bord de la mer, en été, sans doute pendant l’après-guerre. Un groupe d’amis se retrouve là pour passer les vacances : Deux couples, dont l’un avec un enfant et une bonne, et une femme seule.
Il fait chaud, très chaud. Il n’y a rien à faire sinon aller à la plage, se baigner, jouer aux boules et boire des bitter campari …bref, ce sont les vacances, au sens étymologique du terme (du latin vacere : être vide) !
Au-dessus, dans la montagne, un drame s’est produit. Un jeune homme, qui était démineur, a sauté sur une mine. Sa mère refuse de signer la déclaration de décès.
Le lecteur s’interroge sur le lien entre les deux histoires et la signification de ce drame dans le roman.

Des personnages qui s’ ennuient

Sara, Jacques et l’enfant : Ils sont parisiens et viennent là pour retrouver leurs amis italiens, Gina et Ludi. Sara n’aime pas cet endroit. Le couple semble « battre de l’aile ». Sara est « folle » de son fils, dont on ignore le prénom (l’auteure le désigne toujours par « l’enfant »). Elle est aidée par une bonne qui n’arrête pas de répéter « ce que j’en ai marre » et n’a qu’une idée en tête : retrouver son amant, un douanier, dans la montagne.
Gina et Ludi : ils se querellent sans cesse pour des broutilles mais ne semblent pas pouvoir se passer l’un de l’autre. Ils sont comme « chiens et chats ».
Diana, l’amie de Sarah : elle est célibataire et boit beaucoup.

Les cinq amis se connaissent bien, trop bien même. Ils parlent beaucoup mais souvent de choses insignifiantes. Ils donnent l’impression de s’agacer mutuellement tout en ayant besoin les uns des autres : Si insupportables qu’ils se trouvassent mutuellement, ces amis exigeaient toujours que chacun fût là, présent, avec les autres, même la nuit, le soir, aux parties de boule.

Un personnage nouveau va venir interrompre ce huis clos amical : un homme dont on ignore tout ou presque. Comme l’enfant, il n’a pas de nom. Il est « l’homme ». La seule chose qu’on sait de lui, c’est qu’il possède un bateau qui fascine tout le monde, comme s’il représentait la seule issue pour s’évader. Entre lui et Sara, une brève idylle va se nouer.

Peut-on remédier à l’ennui ?

A la première lecture, je n’ai pas aimé ce livre où il ne se passe rien, où personne n’a rien à dire… A mon tour, j’avais l’impression de ressentir la même torpeur accablante que les personnages.
J’ai essayé d’aller au-delà de cette première lecture. Si le livre m’ennuyait n’était-ce pas qu’il traitait précisément de l’ennui ? Et de quel ennui parlait-on ? S’agissait-il du simple ennui né du désœuvrement ou d’un ennui plus profond, existentiel ? Dès lors, l’interrogation qui sous-tendrait le roman serait d’ordre philosophique : Comment éviter l’ennui dans le couple, dans la vie ? Peut-on lui échapper ?


- Dans le roman, chaque personnage tente d’y remédier à sa façon : Sara se laisse désirer par l’ « homme ». Jacques brûle d’aller voir la fresque des« petits chevaux de Tarquinia » (sans doute aussi pour éloigner Sara de l’homme). Diana s’évade dans les « bitter campari » qu’elle consomme à longueur de journée. Ludi essaie de convaincre sa femme de partir aux Etats-Unis. Gina, elle, se réfugie dans la montagne et apporte à manger aux parents du fils mort. Tous, l’enfant y compris, veulent faire un tour en bateau avec l’homme …

- Et là-haut, dans la montagne, quel lien cette vieille femme qui refuse de signer la déclaration de décès peut-elle avoir avec ces « bobos » qui cherchent à se divertir (au sens pascalien du terme) pour échapper à l’ennui ?
A mon avis, elle aussi cherche à se soustraire à quelque chose en niant l’évidence de la mort. Il lui faut toute la durée du roman pour accepter de signer la déclaration de décès.

Ainsi, la réponse sous-jacente au questionnement existentiel serait qu’il n’y a pas d’échappatoire possible. On ne peut échapper à l’ennui, comme on ne peut se soustraire à la mort de ses proches. Cette longue parenthèse des vacances trouverait alors son sens : faire prendre conscience aux personnages que l’ennui fait partie de la vie et que le divertissement est passager aussi bien en amour que face à une mort inacceptable.

La phrase clé du roman me semble être celle qu’on trouve en quatrième de couverture :
Il n’y pas de vacances à l’amour…, ça n’existe pas. L’amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n’y pas de vacances possibles à ça… S’y soustraire, on ne peut pas.

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