La Grave désertée ?

Octobre 2021, le bourg semble désert. Peu de voitures, personne dans la rue principale, pas un seul  commerce alimentaire ouvert… (sauf le  dépôt du Ratel qui propose le minimum vital : pain congelé,  conserves…, c’est déjà très bien !). Les habitants auraient-ils déserté le bourg ?
Les touristes, sûrement, mais pas les habitants permanents !  Quand même 500 personnes qui résident à La Grave, aux Fréhaux et dans les 4 villages des traverses. Où trouvent-ils donc les produits d’alimentation du quotidien ? Et bien à Bourg d’Oisans ou à Briançon, 50  ou 80  km aller-retour, par une route qui peut être difficile dès l’automne et les premières neiges.

Heureusement que chacun peut compter sur la solidarité des voisins, les personnes âgées en particulier. Mais peut-on rendre cette entraide plus systématique, plus pérenne, dans le cadre d‘un service local, social et solidaire ? Je pense que oui, avec une épicerie solidaire dès lors qu’elle respecte les principes suivants :

  • Etre ouverte tout au long de l’année, et pas seulement aux périodes touristiques.
  • Proposer des prix raisonnables, mais réalistes. La livraison d’un commerce en zone de montagne est évidement plus difficile et donc plus coûteuse qu’en plaine. Un léger surcoût des produits me semble donc acceptable, d’autant qu’on évite plus de 50 km de voiture.
  • Privilégier les productions locales : produits des fermes de la commune ou produits des départements proches.
  • Proposer une gamme de produits suffisamment large pour que, dans la majorité des cas, il ne soit plus nécessaire de descendre à Bourg d’Oisans ou à Briançon.
  • Garder l’esprit d’une activité sociale et solidaire. Il ne s’agit pas de faire du business et de privilégier le profit, mais de proposer à tous les habitants de la commune une nouvelle forme de commerce alimentaire.

Globalement, il ne s’agit pas de concurrencer l’épicerie actuelle de La Grave, mais de proposer un service différent et complémentaire, plus spécifiquement tourné vers la population permanente.

Le déploiement d’un tel commerce suppose que soient remplies 2 conditions pour assurer un fonctionnement stable et permanent :

  • Disposer d’un local dans le bourg de La Grave, avec un bail garanti sur le long terme et à un coût qui ne soit pas prohibitif. Il me semble à ce sujet que la commune peut jouer un rôle positif et déterminant pour la mise à disposition d’un tel local.
  • Avoir un responsable qui connaisse ce type de commerce et qui en maîtrise les aspects à la fois techniques et financiers. La participation de bénévoles peut être un plus utile et sympathique, mais elle ne peut se substituer à l’engagement d’un professionnel.

Pour lancer ce type de commerce,  il faut évidemment disposer  d’un  capital de démarrage, pour le paiement du bail, du salaire du permanent, l’achat initial du stock de produits, le fonds de roulement pendant la montée en charge de l’activité… Et ce jusqu’à ce qu’il trouve son équilibre économique. Pour réunir ce capital initial, une participation solidaire des habitants et amis de La Grave doit être envisagée, mais aussi un engagement des organismes officiels dont la vocation est de maintenir l’activité montagnarde. (Thierry, me redonner des informations à ce sujet)

Dès lors qu’un commerce alimentaire social et solidaire sera mis en œuvre, un ensemble d’autres services pourra progressivement être envisagé, outre ceux évoqués ci-dessus (ouverture permanente, prix raisonnables, productions locales) :

  • Bons d’achats au prorata des achats effectués, ceci permettant de fidéliser tous les clients et notamment les habitants permanents.
  • Livraisons à domicile pour les personnes âgées.
  • Vente de paniers de produits à des prix avantageux, selon la saison et les disponibilités locales. En ce sens, le commerce proposé reprend l’activité d’une AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) dans une logique d’agriculture durable, socialement équitable et écologiquement saine.

Au final, un tel projet de commerce alimentaire rejoint d’autres initiatives visant à diversifier et maintenir l’activité de La Grave sans tout miser sur le développement touristique. Il devrait mobiliser pleinement les acteurs politiques locaux et régionaux ayant cette même volonté de préserver une commune assez exceptionnelle dans le paysage montagnard du pays.

Jean François DAVID, Les Hières

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