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Apprendre à Vivre
Un nouveau résumé du livre de Luc Ferry, écrit par Christine
jeudi 11 mars 2010
par (
Il y a 0 message de forum. )Histoire de la philosophie
"le salut" [échapper à un grand danger, à un grand malheur] : question fondamentale chez l’homme ; comment vivre avec la finitude humaine, la perspective de la mort ? Irréversibilité de l’existence : le"jamais plus" est une forme d’apprentissage continu de la mort au cours de la vie (poème d’Edgar Poe, sur un corbeau répétant sans cesse : "never more").
Les religions promettent le salut par la vie éternelle. Pour mieux vivre, il faut vaincre la peur. Philosophie et religion sont 2 façons opposées d’approcher la question du salut (la philosophie étant la doctrine du salut par soi-même sans l’aide de Dieu ; la religion étant la doctrine du salut par un autre avec l’aide de Dieu).
Les 3 dimensions de la philosophie :
l’intelligence de ce qui est (théorie)[nature du monde , sa connaissance],
la soif de justice (éthique) [partie pratique : comment vivre avec autrui ?],
la quête du salut (sagesse)[vivre sagement, heureux et libre ayant vaincu les peurs de la finitude].
La philosophie stoïcienne
(de stoa où Zénon de Kition ( -334,- 262), enseignait la philo)... pas de textes d’origine mais écrits de Sénéque (-8, 65) à Rome (règne de Néron) et d’Epictète.
I -Theoria : la contemplation de l’ordre cosmique : oraio : je vois, theion : le "divin" : cosmos : harmonie et ordre, la structure de l’univers est parfait. Theio : le divin des stoïciens est supérieur et extérieur aux hommes (les êtres humains n’ont pas créé le monde).
II - Ethique : une justice qui prend l’ordre cosmique pour modèle. Le bon est conforme à l’ordre cosmique => il faut s’accorder à l’harmonie du monde. (=> faire le lien avec l’écologie moderne).
III -De l’amour de la sagesse à la pratique de la sagesse : la mort n’est pas à craindre, elle n’est qu’un passage car nous sommes un fragment éternel du cosmos.
On peut atteindre ce sentiment d’éternité par :
la procréation qui assure la survie de l’espèce ( l’individu périra).
par l’action héroïque ou glorieuse ( toutefois assimilable à une forme de vanité) => la mort transition vers un non être de l’être actuel, après la mort on sera une autre chose dont le monde aura besoin.
Les 2 obstacles majeurs à l’épanouissement sont la nostalgie et l’espérance : l’attachement au passé et l’inquiétude de l’avenir.
La sagesse stoïcienne n’a pas pu empêcher le dvt du christianisme, car celui-ci propose un salut "personnalisé" (pour nous & nos proches) tandis que le salut stoïcien est un salut dans l’infini anonyme et impersonnel de l’univers.
Le Christianisme
Il n’est pas une philosophie, car le salut vient de Dieu et non de l’homme. On en parle toutefois car il est en concurrence avec la philosophie grecque. L’idée que la valeur d’un être humain repose sur ce qu’il va réaliser (l’usage de ses dons) et non sur ses dons et talents naturels restera une base des morales et de la philosophie moderne.
I- Theoria : le logos = le Verbe => le divin incarné dans le Christ ; le divin n’est plus une structure impersonnelle. La foi va prendre la place de la raison ...humilité des gens simples pour croire.
II - Ethique : liberté, égalité, fraternité -la naissance de l’idée moderne d’humanité ; égalité de tous les êtres humains qui s’oppose au monde "aristocratique" des grecs, (pr les grecs la vertu = dons naturels).=> à l’origine de la démocratie => notion d’humanité, 1ère morale universaliste.
III- Sagesse : une doctrine du salut par l’amour qui nous promet enfin l’immortalité personnelle ; l’amour est plus fort que la mort.
L’humanisme ou la naissance de la philosophie moderne
Découvertes scientifiques : Copernic : la révolution des orbites célestes (1543), Thèse de Galilée (1632), Principes de philosophie de Descartes (1644).
Crise des repères : le cosmos n’est plus le monde harmonieux antique.
I Nouvelle théorie de la connaissance :un ordre du monde qui n’est plus donné mais construit - (Critique de la raison pure de Kant ). L’homme devient actif dans la connaissance (télescope, lois, cause-effets...) du monde : méthode expérimentale puis médecine expérimentale (C Bernard au 19 é s). L’homme apporte l’ordonnance du monde de l’extérieur.
II Une révolution éthique, parallèle à celle de la théorie ; si le modèle à imiter n’est plus donné, comme l’était la nature des anciens il faut désormais l’inventer.
La pensée moderne met l’homme en place du cosmos et de Dieu. => déclaration des droits de l’homme 1789. Question de la différence entre l’homme et l’animal => Rousseau (1712-1778) : différence entre animalité et humanité : la naissance de l’éthique humaniste.(1755) ;
l’homme est perfectible. L’animal fait un avec la nature alors que l’homme fait deux. L’homme peut prendre la mal en tant que tel comme objet. L’être humain, contrairement à l’animal fait le mal et sait qu’il le fait. => l’homme est un "animal dénaturé". Dans la continuité, la morale Kantienne , E. Kant allemand (1724-1804) : la bonne volonté, l’action désintéressée et l’université des valeurs. L’action est orientée vers le bien commun et l’universel. La nature n’est pas toujours bonne en soi. Le règne des fins : l’homme devient la finalité de l’action. Le travail devient une valeur (fin de l’aristocratie) : réalisation de soi, épanouissement, culture.
Retour en arrière sur Descartes, (1596-1650 Tours), véritable fondateur de la philosophie moderne : doute sur tout ce qui nous entoure sauf "je pense donc je suis". Rejet de toutes les croyances, préjugés hérités du passé : Descartes invente la révolution. L’homme devient le fondement des pensées, des projets. Il faut rejeter tous les arguments d’autorité, il invente l’esprit critique. La question du salut est problématique => émergence d’une "spiritualité moderne " :communisme,, scientisme, patriotisme : on sauve sa vie par le sacrifice à une cause supérieure (le stalinisme est immortel ...)=> naïveté, fausses religions.
La postmodernité
(tout ce qui vient après la philosophie des lumières) : le cas Nietzsche (philosophe allemand) 1844-1900. Nietzsche dénonce l’illusion d’une humanité idéale ; la science et la démocratie ne peuvent conduire à la perfection humaine, c’est une illusion au même titre que les religions. Ces écrits ont beaucoup inspiré le nazisme. N. dénonce les valeurs dites transcendantes qui ne font que nous détourner de la réalité qu’il ns faut accepter. Lire "le crépuscule des idoles.
Par delà la theoria : un "gai savoir" débarrassé du cosmos, de Dieu et des "idoles" de la raison.
I-Théorie de la connaissance : comment la "généalogie" prend la place de la theoria. "la valeur de la vie ne peut-être évaluée" ; "il n’y a pas
de fait, seulement des interprétations" "toute philosophie est une façade, toute opinion est une cachette, toute parole peut être un masque." La
connaissance est toujours repoussée, le réel est un chaos.
II Ontologie : une définition du monde comme un chaos qui n’a rien de cosmique ni de divin.
[Génération Picasso, Schoenberg :déstructuration codes et harmonies] La vie bonne est la vie la plus intense, la plus harmonieuse, dans laquelle les forces vitales cessent de se contrarier.
III Une pensée inédite du salut : la doctrine de l’amor fati (amour de l’instant présent, du destin), l’innocence du devenir et l’éternel retour.
Une doctrine du salut totalement terrestre sans idoles et sans Dieu. Séparer les formes de vie ratées, médiocres, réactives et affaiblies, des
formes de vie intenses, grandioses, courageuses et riches de diversité.
Après la déconstruction : la philosophie contemporaine
I Le bilan du postmodernisme, travail de déconstruction, qui abolit toutes les idoles et ne retient que l’homme comme finalité risque de conduire à la servilité à l’ambition, la réussite, le capitalisme débridé.
Martin Heidegger (1889-1976), phil allemand, ontologie = étude de l’être (en opposition à théologie)(a pris le parti du nazisme !). Si les connaissances et l’enrichissement des sociétés est un progrès considérable pour l’humanité, cette évolution conduit non pas à libérer les
individus mais au contraire à nous rendre serviles d’une évolution non maîtrisée et perdant son sens (société de consommation) ; l’avènement de la technique entraîne le retrait de la question du sens. Il faut maîtriser le monde pour accéder aux 2 valeurs essentielles, la liberté et le
bonheur. Mais l’économie moderne fonctionne comme la sélection naturelle chez Darwin =compétition généralisée. Dans notre monde actuel, on domine pour dominer .
Il faut retrouver des idéaux pour retrouver un minimum de pouvoir sur le cours du monde.
Rôle pour la philosophie : finalité morale, éclairer la discussion publique pour que la société aille dans le bon sens => bioéthique, écologie,...
Mais la philosophie devrait rejouer un rôle sur les questions fondamentales, theoria, salut.
II Une morale fondée sur la sacralisation d’autrui :la divinisation de l’humain ; transcendances horizontales (et non verticales) pour des
humains qui sont sur le même plan que nous (pas des héros, gouvernants, idéologies, nationalisme...)
III Repenser la question du salut : à quoi sert de grandir ? exigence de la pensée élargie (s’arracher à soi, pour se mettre à la place d’autrui ;
élargir ses horizons, rencontres de cultures autres.
En vieillissant, on élargit la vue, on apprend à aimer la singularité des êtres, des œuvres...
La sagesse de l’amour. Ce qu’on aime en qq, ce n’est ni la particularité pure, ni les qualités abstraites, mais la singularité qui le distingue et le rend à nul autre pareil. "parce que c’était lui, parce que c’était moi". L’expérience du deuil, le deuil de l’être aimé ; le seul moyen de vivre le non-attachement est la vie monastique. sagesse de l’amour, savoir se réconcilier, pas de mensonges.