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Berlin 2013

une semaine à Berlin

mardi 1er octobre 2013

par (Françoise, Jacqueline, Jean, Jean-François, Myriam)

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Vous pouvez aussi « picorer » une visite, en cliquant sur un lien (bleu) du tableau ci-dessous.

On peut cliquer sur une photo pour l’agrandir (cliquer sur la croix pour revenir au texte).
Il y a aussi un diaporama à la fin de l’article.

Notre programme

Mardi 10 Mercredi 11 Jeudi 12 Vendredi 13 Samedi 14 Dimanche 15 Lundi 16
Nikolai Viertel (quartier du vieux Berlin) L’île aux musées, Visite du Musée de Pergame Kreuzberg, Check-point
Charlie, et musée du Mur
Journée à Postdam, capitale historique du Brande-bourg. Scheunen Viertel (ancien quartier juif), et Häckesche Höfe Marché aux puces
ou Hamburger Bahnhof (Musée d’art contem-porain)
Musée de l’histoire de Berlin.
Départ
Tiergarten et mémorial soviétique.

Quartier du Kultur-forum Gemälde Galerie

Unter den Linden, (le cœur historique de Berlin). Jüdisches Museum (Musée Juif) Le château de Sans-Souci et ses jardins.
Postdam et le quartier hollandais.
Tempelhof

Promenade en bateau

Potsdamer Platz et Musée du cinéma

Charlot-tenburg visite du château et du parc
ou Mémorial de l’holocauste et Prenz-lauerberg.
Arrivée à Paris et Lyon
Concert à la Konzert-haus

Lundi 9

Atterrissage à Berlin sous un ciel gris, il ne pleut pas mais le petit vent qui souffle nous refroidit. Cependant nous sommes heureux de nous retrouver tous les cinq. Jacqueline, Jean-François, Françoise, Jean et Mimi, pour visiter Berlin. En route pour l’appartement de Maman Schultz à Friedrichhain. Après trois quarts d’heure de transport, nous arrivons dans un agréable quartier de petits immeubles.

Au cafe d’en bas en attendant notre logeuse

Friedrichhain est situé dans la zone qui était autrefois Berlin-Est, c’est aujourd’hui un quartier branché avec beaucoup de jeunes, nous croisons aussi bien des punks que des individus en frac…

Comme la propriétaire n’arrive qu’à seize heures nous prenons un en-cas au café à l’angle, très « gemütlich ». L’appartement se révélera très agréable, grand, clair et assez bien équipé. Pour faire nos courses, Mme Schulz nous indique une supérette bio, ce qui fait que le soir nous mangeons des « spätzle » pâtes alsaciennes avec du pistou qui n’a pas le goût de basilic avec de la mozarelle qui n’a le goût de rien… Par contre la bière est bonne et les gendarmes (saucisses carrées qui vont par deux) aussi.

Mardi 10

Le matin, dès dix heures (!) sous la pluie, nous nous lançons à l’assaut de la capitale, pilotés par Jean qui tient la carte du métro/tram/bus.

Nikolaiviertel
Nous commençons par le quartier le plus ancien de Berlin : le Nikolaiviertel, quartier St-Nicolas. On apprend qu’il a été quelque peu reconstitué à l’époque de la RDA. On y admire l’église Sainte Marie et sa fresque du moyen-âge représentant des squelettes dansants avec rois, chevaliers, évêques et gentes dames.

Ensuite, visite de la Nikolaikirche.

La nef de l’eglise

_ La plus ancienne église de Berlin (une église romane à l’origine), est surnommée « le bonnet d’âne » à cause de son double clocher. Presque entièrement détruite pendant la guerre, elle fut reconstruite en 1987 et abrite aujourd’hui un musée d’art religieux. Dès l’entrée, le regard court dans la nef jusqu’au chœur où un magnifique groupe sculptural d’anges en bois semble prêt à s’envoler. De longs piliers blancs soutiennent un toit pyramidal très coloré qui crée une impression de gaieté . Dans la galerie, nous avons écouté avec émotion des musiques sacrées et écouté les explications d’une dame très courtoise qui nous a montré des documents sur l’église et expliqué son rôle historique (c’est là qu’a eu lieu la signature de la Réunification).

Gemälde Galerie
L’après midi, après avoir traversé le Tiergarten sous la pluie et salué le monument aux 20 000 soldats morts dans la bataille de Berlin, conseillé par Dominique, nous allons visiter la Gemälde Galerie qui renferme beaucoup de chefs-d ’œuvres du quinzième au dix-neuvième siècle parmi lesquels nous avons apprécié :

- Jean : le tableau de Bruegel l’ancien sur les proverbes : « c’est vraiment étrange, d’un humour grinçant »

Bruegel l’Ancien
"Les proverbes"


- Françoise : la Venus de Botticelli : « parce qu’elle est belle, longiligne et un peu mélancolique et a une magnifique torsade de cheveux blonds »
- Mimi : la folle de Franz Halz, : « de facture étonnamment moderne, avec ses traits de pinceau haché correspondant bien au sujet »
- Jacqueline : « l’amour victorieux de Caravage, insolent de jeunesse, qui triomphe de toutes les gloires de ce monde qu’il foule aux pieds. »

La pluie persistante nous fait entrer dans un musée sur Willy Brandt qui nous rappelle bien des faits intéressants : son opposition précoce au nazisme et son combat pour la paix.

Mercredi 11

Flânerie dans l’île des Musées qui se transformera en gymkhana entre les travaux, puis visite du musée de Pergame où se trouvent :
- la Frise de l’autel de Pergame,
- la porte de Millet,
- la porte d’Ishtar,
- Une exposition sur Uruk, la cité de Gilgamesh,
- Les trésors assyriens,
- L’art islamique,
- Des panneaux de la maison d’un marchand d’Alep

L’autel de Pergame

Les Allemands n’ont pas hésité à transporter et à reconstituer (en 1880) ce gigantesque autel grec du deuxième siècle av J.C situé à Pergame (en Turquie).

L’autel de Pergame avec la frise de la gigantomachie

Un monumental escalier conduit à un espace rituel qui évoque la vie de Télèphe, le héros légendaire et fils d’Héraclès qui aurait fondé la cité. Mais ce qui nous a le plus impressionnés, c’est la gigantomachie, une frise sculptée de 110 mètres de long qui raconte d’une manière incroyablement expressive le combat entre les géants, fils de Gaïa (reconnaissables à leurs jambes en forme de serpents) et les dieux de l’Olympe.

Gigantomachie
Un detail de la frise

Ce qui frappe surtout, c’est la violence de ce combat, sa brutalité même. Les corps des géants se convulsent, leurs visages se tordent de douleur marquant ainsi la victoire absolue de l’ordre sur le désordre et le chaos.

Les panneaux décorés de la maison de Boutros as-Samsar

Dans le salon d’un commercant

Ces magnifiques panneaux décoraient le salon d’hôtes de la maison d’un riche marchand chrétien d’Alep, il aimait recevoir ses relations et amis dans ce salon qu’il avait fait décorer dans le style islamique de l’époque, avec quelques mignatures de style persan donc l’une représente St Michel terrassant un dragon, le tout est orné de maximes en caractère arabe : « la générosité appelle la générosité » « celui qui se contente de peu sera rassassié, l’avide aura toujours faim », Quand on pense à la situation dramatique dans laquelle se trouve Alep aujourd’hui, on est ému par ce syncrétisme des années 1600...

Unter den Linden

Citation d’Einstein a l’universite de Humbold

L’après-midi, visite des Champs-Elysées berlinois, l’avenue « Unter den Linden », actuellement défigurée par les travaux. Nous entrons dans la Humboldt Universität (de Humboldt, celui qui a décrit le courant du même nom). Le Berlin du début du vingtième siècle rayonnait. Koch (celui du bacille) a enseigné ici ainsi que Planck (celui de la constante du même nom), Einstein également. Il aurait répondu à un étudiant qui lui parlait des ses difficultés en mathématiques que les siennes étaient encore plus grandes.

Jean-François préfère rentrer seul en métro au risque de se perdre plutôt que de piétiner sur cette avenue sans intérêt (d’après lui !). Jean ne résiste pas à la visite de l’immeuble Mercedes où les plus beaux modèles sont présentés. Mais dans l’ensemble, les bâtiments de cette avenue sont dans le style « kolossal », un peu lourd à notre goût.

Le soir, nous avons la visite de Marion, la nièce de Mimi, qui vit à Berlin depuis 2 ans après science-po et des études de journalisme, elle travaille pour l’AFP à Berlin et nous livre ses impressions et réflexions : Berlin est une ville très vivante, avec beaucoup de jeunes venus de toute l’Europe, la vie n’y est pas trop chère mais il est très difficile d’y trouver un emploi fixe, (beaucoup vivent de plusieurs petits boulots payés bien en dessous du SMIC français). Après deux ans de travail « à la pige », elle envisage de venir sur Paris, à moins qu’elle ne candidate à Arte... Elle est un peu déçue d’avoir fait tant d’études et de n’avoir toujours pas un vrai job.

Jeudi 12

Aujourd’hui le programme est chargé, promenade le long des vestiges du mur, musée du mur de Berlin et musée juif !

Le mur de Berlin

- La mise en place du mur

Entre 1949 (création de la RDA) et 1961 (construction du mur), près de 3 millions d’Allemands, lassés d’attendre « les lendemains qui chantent » passent à l’ouest, notamment par Berlin. Face à ce désaveu permanent, les autorités est-allemandes décident de mettre en place un dispositif de contrôle aux frontières, « afin de mettre un terme aux activités hostiles du pouvoir militaire rancunier de l’Allemagne de l’Ouest et de Berlin-Ouest ».

Construction du mur de Berlin

Le 13 août 1961 des barrages provisoires sont mis en place et les routes d’accès aux secteurs de l’ouest sont coupées. Dans les semaines suivantes, les barrages sont complétés par un mur de béton et de briques, puis munis de divers dispositifs de sécurité. Ce mur entoure complètement la partie ouest de Berlin sur 43 km.

Entre 1961 et 1989, plus de 100.000 personnes ont essayé de fuir la RDA en franchissant la frontière entre les deux Allemagnes ou le mur de Berlin. Plus de 600 fugitifs y ont trouvé la mort, dont 136 autour du seul mur de Berlin.

- La chute du mur

En 1989, la situation géopolitique change : les Soviétiques annoncent leur retrait d’Afghanistan ; au printemps, la Hongrie ouvre son « rideau de fer » ; en RDA la contestation se développe. Le 3 octobre Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est exclu.

Le 9 novembre 1989, peu avant 19h00, le secrétaire du comité central Günter Schabowski annonce l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation pour les sorties du territoire de RDA. A 21h00, les gardes-frontières du poste de Bornholmer Straße laissent passer les premiers citoyens de Berlin-Est. Au cours de l’heure qui suit près de 20.000 personnes franchissent le pont Bösebrücke. Dans les jours suivants, les autorités renoncent à toutes les formalités aux postes frontières.

Le mur de Berlin est démantelé entre juin et novembre 1990.

- Les vestiges du mur

La foule passe le mur

Le long de la Spree, on a visité le plus long vestige du mur encore debout et classé monument historique (la East Side Gallery, dans le quartier de Friedrichshain).

Coté est, le mur est couvert de grandes fresques modernes peintes par des artistes de différents pays. Malheureusement beaucoup d’entre elles sont assez mal entretenues et couvertes de graffitis.

Côté ouest, de gigantesques photos étaient alors apposées sur le mur, représentant sur plus d’un kilomètre les principales séparations physiques qui sont ou furent érigées entre les pays. Et elles sont nombreuses : entre les USA et le Mexique, entre Israël et les territoires Palestiniens, à Belfast, autour des enclaves espagnoles au Maroc, entre les Corées, à Chypre…

Le musée du mur

Le musée du mur est situé à proximité du « Checkpoint Charlie » marquant le passage entre les zones est et ouest, avec son célèbre panneau « You are leaving the American sector ». Il montre le système de sécurité du Mur et relate les tentatives de fuite réussies. En ce sens, il est plutôt optimiste et même assez rigolo, quand on voit les engins les plus improbables mis en œuvre pour rejoindre le secteur ouest.

Dans le coffre de la Coccinelle !

Sans être exhaustif, je vous en citerai quelques-uns :
- Une Coccinelle WV, avec un réservoir d’essence raccourci pour laisser la place à une cachette dans le coffre avant. Cachette exiguë, mais qui a permis à plus de cinquante Berlinois de retrouver la liberté !
- Un ULM, fort réussi et entraîné par un moteur de Traban bricolé. Quand on connait la fiabilité de cette petite voiture, fallait avoir le moral.
- Une Montgolfière, mais oui, chauffée par quatre bouteilles de gaz et qui a franchi avec succès le mur (par vent d’est bien sûr).
-  Un téléphérique, suspendu à un câble lancé d’un immeuble vers un complice installé dans un terrain vague au-delà du mur. Toute une famille l’a emprunté avec succès…

J’ai une préférence pour le système suivant, le plus simple et le plus poétique : un jeune Berlinois s’est fait envoyer chaque semaine un morceau de tissu tiré d’un uniforme américain. Après l’avoir patiemment recousu, il a franchi d’un pas ferme tous les barrages, en faisant un si bon salut militaire que même les soldats américains s’y sont laissé prendre. Et, en prime, le couturier amateur a ensuite épousé sa jolie fournisseuse.

Bien sûr, toutes les évasions n’ont pas été aussi simples. J’en citerai une dernière, réussie mais bruyante : un camion militaire défonçant le mur dans un endroit où il avait été mal entretenu. Les gardes-frontières, effrayés à l’idée des sanctions qu’ils allaient subir, ont profité de la brèche ouverte pour se tirer aussi !

Le musée juif

Conçu par l’Américain d’origine juive Daniel Libeskind, cet édifice offre, par sa structure même, une image saisissante de la destinée du peuple juif. Vu du ciel, c’est un bâtiment en forme d’éclair (une étoile de David brisée ?) recouvert d’une tôle de zinc et percé de fenêtres irrégulières, comme autant de blessures. A l’intérieur, rien n’est linéaire ni horizontal. Trois itinéraires s’offrent au visiteur :

L’un d’eux, le chemin de l’exil conduit à un « jardin » de colonnes en béton inclinées et posées sur un sol en pente. Il donne une impression de déséquilibre, à l’instar des Juifs qui ont pu partir mais se sont retrouvés complètement désorientés et coupés de leurs racines.

Installation Shalechet au musee juif

L’autre, celui de l’holocauste mène à une porte d’acier derrière laquelle se cache une tour vide, sombre et glaciale malgré la petite lumière tout en haut.

Le troisième, celui de la continuité évoque 2000 ans d’histoire et de culture juive dans plusieurs salles réparties sur trois étages. On y trouve aussi un Void, espace vide, dont le sol est jonché de milliers de visages en acier qui résonnent de façon métallique quand on marche dessus et rappelle tous ceux qui sont morts et dont il ne reste plus rien.
JF a suscité une discussion animée entre nous en posant cette question assez provocatrice : Le peuple juif aurait-il son musée s’il n’avait pas subi l’holocauste ? .

Le soir nous rencontrons Amélie et Heinz, des amis berlinois de Majef, dans un bistrot pour jeunes où la bouffe est médiocre mais l’ambiance sympa. Amélie parle très bien le français et Heinz s’y efforce, ce qui nous permet de discuter de la vie ici et des préoccupations des Berlinois. C’est en particulier les hausses de l’immobilier à Berlin, jusque là épargné, ce qui chasse les populations modestes du centre, et puis les élections qui opposent « Mutti » (nom affectueux que les Allemands donnent à Angela Merkel) aux autres partis. Vote et résultats le dimanche suivant !

Vendredi 13

Potsdam

C’est la plus belle arrivée possible au château de Sanssouci, en traversant le parc tout frais de verdure, cela nous lave de la grisaille de Berlin. Après un coup d’oeil sur le Neue Palais, l’orangerie et le Pavillon Chinois tout doré qui servait de salon de thé, nous arrivons devant le château, un peu caché par les hautes terrasses où Frédéric le Grand cultivait la vigne.

La grande fontaine au Lustgarten

Sanssouci est un agréable petit palais rococo où Fréderic II se retirait loin des fastes de la cour impériale. A l’intérieur un couloir tapissé de tableaux -dont des Watteau- mène à la chambre de l’empereur. On y remarque ce petit portrait de Frédéric II vieilli au regard encore si aigu (image retouchée par Andy Warhol dont le tableau occupe la chambre des domestiques). La pièce centrale est la salle de marbre ovale où Frédéric II donnait des soupers, invitant les grands esprits de l’époque à converser (il avait en quelque sorte inventé les tables-rondes). Voltaire en fut, on voit son buste -minuscule- dans la dernière pièce joliment décorée de fleurs et de fruits à la mode rococo. Le philosophe resta trois ans à Potsdam, il en partit (au choix) :
- Parce qu’il ne supportait pas le climat froid ?
- Parce qu’il ne s’entendait plus avec Frédéric II ?
- Parce qu’il était dégoûté de manger des pommes de terre à tous les repas ?

Après-midi à Potsdam, ville propre et tranquille. On écrit nos cartes postales dans une rue paisible à la terrasse d’un café-atelier de bijoux où une jeune femme travaille des émaux. Le quartier hollandais, de petites maisons de brique rouge construit par Frédéric II pour les ouvriers de Frise venus assécher les marais, est colonisé par des boutiques bobo… ainsi va l’histoire.

Samedi 14

Scheunenviertel

Le matin nous flânons dans Scheunenviertel, ancien quartier juif. Nous admirons la Halle aux chevaux de la Poste avec ses reliefs en brique vernissée, puis la nouvelle synagogue (1866) en style néo-byzantin, brûlée dans un incendie par les nazis, puis bombardée, reconstruite en 1988 et ré-ouverte en 1995. Un peu après le parc Monbijou, un vrai petit écrin de verdure nous découvrons les Häckeshe Höfe

Les Häckeshe Höfe.

Cour interieure de l’ancien quartier juif Hackesche Hofe

C’est un ensemble de 8 cours avec des façades vernissées et colorées dans le style Jugendstil. Toutes ces cours communiquent entre elles et forment un dédale où il est agréable de déambuler mais les boutiques design font un peu oublier leur vocation première de complexe de production et d’habitation du début du vingtième siècle. Les immeubles étaient aussi habités par des familles juives dont le souvenir est rappelé par quelques pavés en cuivre insérés dans le sol et portant leurs noms.

L’après-midi, le groupe se divise en trois

- Mimi rejoint Tempelhof où elle retrouve Amélie et Heinz pour une visite de l’ancien aéroport.

L’aeroport de Tempelhof

Ses deux caractéristiques sont le gigantisme et l’inachèvement. Hitler voulait un bâtiment à l’échelle de la capitale du monde que serait Berlin. La construction a commencé en 1939, seul le gros-œuvre était fini à la déclaration de la guerre et il n’a pas été utilisé par les nazis. Ce sont les Américains qui l’ont terminé, gardant l’aile gauche et confiant l’aile droite à la Luftwaffe. Il a servi pendant le blocus de Berlin car les avions atterrissaient incessamment pour ravitailler la ville.

Amélie, qui n’était pas née à l’époque, a quand même entendu parler des « Candy bombers », ces avions qui larguaient de minuscules parachutes chargés de sucreries à l’attention des enfants et... apportaient tout ce dont Berlin-Ouest avait besoin. A une question sur l’occupation alliée de Berlin, mes amis ont dit qu’ils n’avaient pas l’impression d’être « occupés » ; c’étaient plutôt des amis qui leur venaient en aide et avec lesquels ils s’entendaient bien.

Le guide, un Tchèque qui parlait un anglais approximatif, insiste sur la grandeur, l’harmonie et la fonctionnalité du lieu. L’aéroport est désaffecté depuis 2008, sa grande pelouse est utilisée par les Berlinois comme parc et lieu de manifestations. Ce jour-là, c’est la fête des cerfs-volants.
Ensuite, goûter sur l’herbe avec un délicieux gâteau aux prunes confectionné par Amélie. Heinz parle de l’inquiétude des berlinois concernant le nouvel aéroport qui a pris plusieurs années de retard avec un surcoût impressionnant.


- Françoise, Jacqueline et Jean-François ont opté pour une balade en bateau-mouche.

Paul-Lobe-Haus, reserve aux membres du Bundestag

_ Elle nous a permis non seulement de revoir (parfois sous un autre angle) les monuments historiques déjà visités (Berliner Dom, Museum Insel…) mais aussi de découvrir sans nous fatiguer le nouveau quartier du gouvernement le long de la Spree. Le contraste entre le Reichstag et ce complexe futuriste est saisissant. Des ponts aériens surplombant la Spree, d’immenses bâtiments à l’architecture transparente (entre autres la bibliothèque parlementaire), le grand cube de la chancellerie (comparée par ses dénigreurs à une « machine à laver »), tout nous y confirme que Berlin est résolument tourné vers l’avenir.


- Jean a choisi une visite à Potsdamer Platz, entièrement reconstruite sous le sponsoring de Sony et dont une partie abrite le Sony-Center.

Sous le chapiteau de Potdamer Platz

_ Le lieu est recouvert d’un toit aérien très réussi de toiles tendues entre des poutrelles, ressemblant à une ombrelle géante. Des immeubles aux lignes acérées entourent un espace semi-ouvert avec fontaines où une foule dense déambule et se restaure dans les cafés attenants. J’y ai visité le musée du Cinéma, occupant trois étages d’un de ces immeubles, qui relate de façon très didactique l’évolution du cinéma allemand depuis le cabinet du Dr Caligari, Fritz Lang avec Métropolis jusqu’à Werner Herzog (avec maquette du bateau qui franchit la colline dans Fitzcarraldo) en passant par le cinéma sous le régime nazi et bien sûr… Marlene Dietrich à laquelle pas moins de trois salles sont consacrées.

Le soir, concert au Konzerthaus

Sur la place du Gendarmenmarkt, entre deux églises qui se font face, nous découvrons le Konzerthaus éclairé par une pleine lune resplendissante. C’est un temple néo-classique avec un portique ionique et un escalier majestueux qui conduit dans une immense salle pleine de dorures. Nous y avons entendu les deux symphonies n°6 (l’une de Prokofiev, l’autre dite « pathétique » de Tschaikowsky) avec l’orchestre symphonique de Berlin sous la direction de Dimitri Kitajenko. Le public plutôt âgé écoute religieusement et applaudit avec enthousiasme. Belle soirée musicale.

Dimanche 15

Dimanche matin, c’est le jour des puces sur notre place « Boxhagener Platz », à 9h45 rien, à 9h55 les exposants et les clients sont sur les starting blocs et à 10h les stands s’installent comme par magie. Il y a un peu de tout, l’atmosphère est bon enfant. Un petit garçon de six ans vend ses jouets. Jacqueline engage la conversation, il dit qu’il est désormais trop grand pour ces jeux. Quand elle lui achète un livre à un euro, il crie victoire auprès de son papa. Plus loin Jackie et Françoise se laissent tenter par de charmants bandeaux de laine ornés d’une fleur tricotée. Excellent « frühstück » au café du coin, avec huit sortes de fromages.

Charlottenburg

Le chateau de Charlottenburg

Faisons un petit saut en arrière dans le temps. Ce n’est pas Frédéric II (dit le grand) mais Frédéric 1er (son grand-père) qui le fit construire en 1695 et lui donna le nom de son épouse, la reine Sophie-Charlotte à la mort de cette dernière en 1705. Cette reine était polyglotte (elle parlait français et italien), très cultivée et musicienne (elle jouait du clavecin). Elle fut aussi l’amie de Leibniz qu’elle reçut à Lützow (l’ancien nom du château) ce qui lui valut le surnom de la Reine-philosophe. Elle mourut jeune, à 36 ans.

Le château est un bel édifice baroque, avec au centre une salle ovale ornée de colonnes qui donne sur un jardin à la française prolongé par un parc anglais moins symétrique longeant la Spree et abritant un joli « belvédère » aux tons bleus et blancs où Guillaume III recevait ses amis rosicruciens.

La pièce que j’ai préférée : le « Porzellankabinett » dont les murs sont couverts, du sol au plafond, de porcelaines chinoises et japonaises se reflétant dans les miroirs de la salle.

Hamburger Banhof

Pendant ce temps Mimi va au Hamburger Bahnhof, non pour manger des hamburgers, car c’est le nom d’un musée d’art contemporain situé dans une ancienne gare. L’architecte a gardé la façade de la gare mais il a complètement dépouillé l’intérieur du bâtiment ne gardant que murs blancs et poutrelles métalliques. L’immense hall de la gare est occupé par une installation intitulée « Body Pressure » sur le thème de la représentation du corps humain depuis 1960. Quelques œuvres retiennent l’attention :
- sexe, seins bouche et œil d’une artiste découpée en quatre vidéos sur des moniteurs superposés
- pinup de cire qui fond au fur et à mesure de l’expo
- vidéo de la performance connue où dans la rue des passants sont invités à toucher pendant trente secondes les seins d’une femme à travers les trous pratiqués dans une boite recouvrant sa poitrine
- Tête d’Apollon grec peinte de couleurs vives
- Personnage de « granny » avec ses cabas pour les courses, si réaliste qu’il se confond avec le public. On est loin du buste de Périclès ou de la Joconde, même Picasso est dépassé !

Collection Erich Marx, une série de salles sur le thème du futur « The future is less a time frame we experience than a concept we envisage ».
De Andy Warhol : son grand portrait de Mao coloré, mais aussi une collision d’ambulances où le blessé sanguinolent pend par la portière défoncée . A nous d’interpréter…
J’ai particulièrement aimé un film de neuf minutes de deux Espagnols Galudo et Serra « los Encargados ». Dans une capitale de style stalinien, cinq Mercedes noires encadrées par des motards défilent avec les effigies de cinq dirigeants militaires et politiques, mais celles-ci sont à l’envers. Quelques images plus loin, le film passe à l’envers, les Mercedes ont l’air de rouler sur un plafond asphalté mais cette fois les pancartes avec les têtes de dictateurs sont à l’endroit. Le monde à l’envers ?

La course des garcons de cafe au musee d’art moderne

Dans un hall, une amusante course de garçons de café, grandeur nature, en celluloïd vert.

Petit en-cas au restaurant de Sarah Wiener, globe-trotter allemand et la restauration (cf Arte).

Mémorial de l’holocauste et quartier de Prenzlauerberg

Memorial de l’Holocauste

Un moment de recueillement au mémorial de l’holocauste. On se perd entre ces blocs nus ressemblant à des tombes. Le sol ondulé renforce le sentiment de déséquilibre donné par l’inclinaison imperceptible des verticales des blocs.
Pour ne pas rester sur une note triste, flânerie dans le quartier de Prenzlauerberg tranquille et familial autour de la Kollwitzplatz, visite d’une ancienne brasserie, immense bâtiment en brique devenue centre de culture : . Puis traversée du Mauerpark où les trentenaires écoutent de la musique, s’amusent au karaoké géant très international et chinent au marché aux puces, Mimi s’achète une jupe de création artisanale, avec les stands de cuisine orientale et asiatique et la bière qui coule à flots … Ambiance garantie.

Le soir nous nous retrouvons tous pour un dernier apéro autour d’une excellente bouteille de vin du Rhin.

Lundi 16

On rend l’appartement à Mme Schulze et l’on se dirige en gare centrale. C’est le départ pour l’aéroport pour les lyonnais (Jacqueline, Jean-François et Mimi) tandis que les parisiens (Françoise et Jean) ont encore un peu de temps puisque leur avion ne décolle que l’après-midi.

Le musée historique est un immense bâtiment dont nous avons visité uniquement les salles concernant la période 1920 - 1948. L’exposition montrait bien l’enchaînement qui a conduit à la montée du nazisme : remboursement de la dette exigée par les vainqueurs, l’hyperinflation (brouettes de billets et timbres poste à un milliard de marks), chômage, tout cela entraînant une misère effroyable. Le fonctionnement de la démocratie est tombé en déliquescence, faisant le lit des partis extrémistes. Nous avons été frappés par l’extrême violence des affiches, visages grimaçants, mains comme des serres et textes d’une grande brutalité, presque injurieux.

On peut comprendre que le peuple allemand ait cherché un homme providentiel pour les sortir de ce marasme, et ce fut la voie royale pour Hitler. Très vite, Hitler jette le masque, instaure la dictature nazie et met en route son programme antijuif, leur supprime toute liberté et se lance dans la guerre de conquête mondiale.

Faute de temps, on s’est arrêté là pour rejoindre notre aéroport... où il a fallut poireauter deux heures à cause d’un alerte à la bombe !

En conclusion

En conclusion, ce fut une belle semaine riche et variée. Nous avons pu découvrir les principaux quartiers de Berlin et senti à quel point la ville était à la fois marquée par son histoire et tournée vers l’avenir.

La coupole du Reichstag

Des origines, il ne reste pas grand-chose mais les Allemands ont à cœur de reconstruire, la plupart du temps à l’identique, les monuments détruits par les bombardements. On comprend aussi qu’ils ne veulent pas oublier comme l’attestent le musée juif, les vestiges du mur et les nombreux mémoriaux, bien sûr, mais aussi diverses expositions temporaires comme, par exemple, celle sur Willy Brandt (prix Nobel de la paix en 1971) découverte par hasard. En même temps, c’est une ville incroyablement dynamique avec d’innombrables chantiers et des réalisations futuristes comme la Posdamer Platz ou le quartier du gouvernement.

Des échanges intéressants avec Marion, Amélie et Heinz ont enrichi notre regard sur Berlin du point de vue d’une jeune Française et d’un couple allemand.

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