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La troisième révolution industrielle

Présentation du livre de Jérémy Rifkin paru en 2012

lundi 9 avril 2012

par (Jacqueline)

Il y a 4 messages de forum.
Résumé de l’article
Selon Rifkin il faut opérer une transition vers un régime énergétique entièrement neuf
Rifkin base cette transition sur 5 axes :
- Energies renouvelables.
- Transformation des bâtiments en micro-centrales électriques.
- Utilisation de l’hydrogène pour le stockage.
- Utilisation d’Internet et d’un inter-réseau pour le partage de l’électricité.
- Véhicules électriques ou à piles à combustible.
Utopie ou réalité ?

En 2008, le passage du baril à 147 dollars marque le début de la fin de la 2nde révolution industrielle.

En effet, si on ne trouve pas d’alternative au pétrole, sa raréfaction entraînera un effondrement global de l’économie (sans compter une crise écologique majeure).

Le niveau record du cours du pétrole en 2008

A partir de là, selon Jérémy Rifkin :
- soit on opère une transition vers un régime énergétique entièrement neuf
- soit on risque l’effondrement de notre civilisation

Pour Rifkin, la 3ème révolution industrielle se fera grâce à la convergence des énergies renouvelables et de la technologie d’Internet. Voici les cinq axes ou "piliers" de cette révolution :

- le passage aux énergies renouvelables
- la transformation du parc immobilier en ensembles de micro centrales énergétiques
- le déploiement de la technologie de l’hydrogène
- l’utilisation d’Internet pour transformer le réseau électrique en inter-réseau de partage de l’énergie
- le passage aux véhicules électriques branchables ou à pile à combustible

Les 5 piliers de la 3ème Révolution

1. Le passage aux énergies renouvelables

Pourquoi les énergies fossiles et nucléaire tirent-t-elles à leur fin ?

- Le pétrole : il va continuer à couler mais son débit sera toujours plus faible et son prix toujours plus élevé
- Le gaz : sa courbe de production mondiale suivra en gros celle du pétrole
- Les énergies fossiles non traditionnelles (pétrole lourd et profond, gaz de schiste…) sont coûteuses à extraire et émettent beaucoup plus de CO2 (difficulté d’extraction) que le pétrole brut ou le gaz naturel.
- Le nucléaire : il se présente comme une alternative « propre » à l’énergie fossile puisqu’il n’émet pas de CO2 (partie de solution au problème du réchauffement de la planète) mais les matériaux et les déchets font peser une grave menace sur la santé humaine sans compter les accidents. D’ailleurs, depuis Fukushima, la plupart des Etats ont gelé les plans de construction de nouvelles centrales nucléaires.

Passage aux énergies renouvelables dans l’Union Européenne

D’ici à 2020, l’Union Européenne se donne comme objectif d’atteindre 20% de son énergie avec les énergies renouvelables.

- L’énergie solaire : l’EPAI (Association européenne des industries du photovoltaïque) estime que l’installation des panneaux sur l’ensemble des surfaces bâties existantes pourrait produire 1500 Gw d’électricité, soit 40% de la demande totale d’électricité dans l’Union Européenne.
- L’énergie éolienne : selon les prévisions, le secteur devrait fournir près de 17% de l’électricité sur le marché européen en 2020.
- L’énergie hydraulique : dans l’Union Européenne, elle représente 180 Gw d’électricité en grande partie concentrés dans des grands barrages. En équipant tous les sites disponibles dans toute l’Europe, on pourrait produire 147 000 Gwh par an.
- La géothermie : c’est un immense réservoir d’énergie verte pratiquement inexploité
- La biomasse : elle comprend les récoltes d’agrocarburants, les déchets forestiers et les ordures municipales. C’est la plus controversée des énergies vertes.

L’Europe a donc fait le pari des énergies renouvelables. Mais le problème est de savoir comment collecter et distribuer ces énergies.

2. La transformation du parc immobilier en ensembles de micro centrales énergétiques

Une maison transformée en mini-centrale

A la différence des énergies fossiles et de l’uranium, les énergies renouvelables sont partout. Si on les trouve en diverses proportions et avec diverses fréquences dans le monde entier, pourquoi les collecter seulement dans quelques sites centralisés ?

Le secteur du bâtiment pourrait être un allié crucial capable de faire contrepoids aux grosses compagnies énergétiques.
On estime qu’il y a 190 millions d’immeubles dans les 27 Etats membres de l’Union Européenne. Chacun d’eux pourrait devenir une mini-centrale électrique en puissance :
- le soleil sur le toit,
- le vent sur les murs extérieurs,
- les ordures qui sortent de la maison,
- la chaleur géothermique sous les fondations…

3 Le déploiement de la technologie de l’hydrogène

Utilisation de l’hydrogène pour stocker l’énergie

Les énergies renouvelables sont abondantes et propres mais le soleil ne brille pas tout le temps et le vent ne souffle pas toujours. La plupart des énergies renouvelables sont intermittentes. Il faut donc rechercher des technologies capables de les stocker.

C’est sans doute l’hydrogène qui offre le meilleur espoir de succès en raison de sa flexibilité (on peut le produire par électrolyse de l’eau, le stocker puis le retransformer en électricité).
Ainsi, si on dispose d’un excédent d’électricité par panneaux photovoltaïques, on pourra s’en servir pour effectuer une hydrolyse de l’eau et stocker l’hydrogène produit.
Quand le soleil ne brillera plus, on pourra retransformer cet hydrogène en électricité dans une pile à combustible qui fournira de l’énergie.

4. L’utilisation d’Internet pour transformer le réseau électrique en inter-réseau de partage de l’énergie

Pour distribuer cette énergie, il faudrait créer un réseau électrique intelligent qui permette à des millions de personnes produisant leur énergie de partager leurs excédents.

Logements, bureaux, usines et véhicules communiqueraient en permanence pour échanger des informations et de l’énergie 24h sur 24 et 7 jours sur 7.

Il en résulterait ce que l’auteur appelle « le pouvoir latéral » qui obligerait les grandes compagnies à abandonner en partie leur contrôle vertical pour s’intégrer, au moins partiellement, dans un réseau rassemblant des millions de petits producteurs d’énergie.
Elles s’éloigneraient ainsi de la vente de leur propre énergie pour devenir gestionnaires d’un réseau info-énergétique.

5. Le passage aux véhicules électriques branchables ou à pile à combustible

La conversion des bâtiments en mini-centrales électriques et la création d’un inter-réseau de l’énergie permettrait de mettre en place l’infrastructure nécessaire pour alimenter en électricité des véhicules branchables ou à pile à combustible.
Les premiers véhicules sont sortis des chaînes de montage en 2011.
A Berlin, Daimler et RWE (la 2ème compagnie d’électricité d’Allemagne) ont lancé un projet d’installation de bornes de recharge pour les voitures électriques Smart et Mercedes dans toute la capitale allemande.

Un véhicule branchable !

Comme les véhicules sont en stationnement 96% du temps, ils pourront fournir de l’électricité sur le réseau électrique et en prélever quand ils en auront besoin.
On peut penser que nos enfants conduiront des véhicules silencieux, propres et branchables.

Ainsi, selon l’auteur, la Troisième Révolution permettrait à des millions d’entreprise, de propriétaires de logements et de véhicules de devenir les acteurs de l’énergie et serait source de millions d’emplois dits « emplois verts ».

Alors utopie ou réalité ?

Ce livre est optimiste et fait rêver. Mais on peut s’interroger sur son réalisme et sur son coût.

Pour répondre à ces deux questions, il serait intéressant de se demander (entre autre) :
- si l’objectif des 20% d’énergies renouvelables à l’horizon de 2020, envisagée par l’UE est viable ou pas.
- si la transformation des immeubles en micro-centrales est possible, à quel prix et si elle suffira pour couvrir les besoins en électricité
- à partir de quand l’hydrogène (qui est sans doute une bonne technologie de stockage) sera opérationnelle ?
- si miser sur les véhicules branchables, ce n’est pas contredire l’évolution vers une conception moins individualiste des transports (véhicule partagé, transports en commun) ?

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