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De la Calabre à la Sicile

2 juin au 9 juin

samedi 11 juin 2011

par (Jacqueline, Jean, Jean-François, Myriam)

Il y a 12 messages de forum.

Rocella Riposto

La nuit

Les traversées se suivent et ne se ressemblent pas.
Après les bonnes journées de repos à Rocella Ionica, nous sommes prêts pour une nouvelle traversée. L’estomac bien lesté par un excellent rôti de veau, on prend la mer à la nuit tombante. Aucune de nos craintes ne se confirmera : pas de houle, peu de vent, et pas de paquet d’embruns. Le quart montant observe les étoiles et les lumières de la côte tandis que le quart descendant se repose dans sa couchette. Quelques dauphins viennent jouer avec l’étrave, ce n’est pas Moby Dick, mais quand même...

Arrivee a Riposto


Au petit matin on se prépare un vrai petit déjeuner avec des tartines. Le dernier quart, entre 9 heures et 12 heures, commence à apercevoir un nuage bien au dessus de la côte, puis une masse montagneuse noire surmontée d’un cône blanc de neiges éternelles d’où s’échappe une fumée grise : c’est la splendeur de l’Etna !

La ville

Nous abordons à Riposto dans une marina bien aménagée où un aimable ormeggiatore nous amarre à un ponton. Repas puis longue sieste : le bateau devient pour un moment le château de la Belle au Bois Dormant. Dans la petite ville de Riposto, le temps semble aussi s’être arrêté.
Les rues alignent des maisons désuètes aux façades défraîchies. Les commerçants sommeillent sur leur chaise devant leur boutique. Sur la place principale, pavée de larges dalles de lave noire, le bâtiment municipal est fermé, et par consquent l’office de tourisme aussi.
L’imposante cathédrale est déserte. Seuls des poissonniers sur le quai attirent le client en proposant leurs fruits de mer encore vivants et leurs poissons rutilants. On se fera un festin de gambas aux farfadelles, arrosé d’un vin noir de l’Etna.

L’Etna

Ancienne coulee de laves

La journée du lendemain commence par une expédition vulcanologique. Partis du camp de base au niveau de la mer en short et nu-pieds, nous faisons une halte vers 1000 mètres pour nous équiper de chaussures de marche et de vêtements chauds.
A cette altitude, d’anciennes coulées sont reconquises par la végétation : forêts de chataîgners, genêts, bouquets de fleurs mauves, et pour finir, plaques de mousse.
A 2000 mètres, nous atteignons le refuge de La Sapienza d’où nous empruntons un télécabine. La nacelle se balance sur un paysage lunaire entièrement minéral avec de grandes coulées grises entrecoupées de chaos de blocs bruns.

Les vulcanologues

A la station terminale, un véhicule tout-terrain, peinant sur une piste sinueuse, nous emmène jusqu’au premier cratère. On est à 3000 mètres, le vent souffle, la température chute. La dernière approche se fait à pied, au milieu des grottes de neige noircie par la poussière de lave, et de bouches exhalant des panaches de vapeur.
Nous progressons jusqu’à un autre cratère marqué par des efflorescences jaunes de soufre et rouges d’oxyde de fer. Par endroits le sol est chaud, et même brûlant si l’on creuse un peu.

Ces cratères sont apparus lors des éruptions de 2002. L’Etna est un volcan encore très actif, et s’est encore manifesté en mai 2011. Cependant les Siciliens chérissent leur volcan parce qu’il fertilise leur terre. Ils ont finalement appris à domestiquer ses coulées en détournant leur cours par de formidables charges d’explosif. Même si nous n’avons pas assisté à une coulée de lave en fusion, ce volcan nous a vraiment impressionnés.

Taormina

L’Etna et Taormina en un seul jour, c’était sans doute un peu ambitieux. Mais Goethe n’avait-il pas dit de cette ville qu’elle était la "plus grande oeuvre de l’art et de la nature " ? On n’allait tout de même pas l’ignorer...

Objectivement, Taormina a tout pour plaire ; c’est une petite ville médiévale perchée sur une côte escarpée d’une richesse incroyable avec des palais à chaque coin de rue, un théâtre grec et un point de vue imprenable sur le golfe.

Subjectivement, il en fut tout autrement. La ville a beaucoup pâti de son succès. D’abord, il a fallu pas mal tourner avant de trouver un parking (la vieille ville est interdite aux voitures). Ensuite, on est arrivés trop tard pour visiter le théâtre. Et enfin, le Corso Umberto était noir de monde et les boutiques à souvenirs empêchaient de voir les jolies façades. Seule touche un peu authentique : de nombreux couples de jeunes mariés arpentaient la rue principale à la sortie de la messe et recevaient les félicitations et les bons voeux des passants et des touristes.

Maries sur le Corso Umberto

Riposto Syracuse

Ce Dimanche 5 mai, on quitte la marina de Riposto, qui s’est finalement révélée fonctionnelle, bien abritée et confortable.
Peu de vent à la sortie du port, mais une longue houle de face, la proue pointe vers le ciel avant de replonger... Passée la premiere pointe après le port, on prend le cap direct sur Syracuse, ce qui veut dire houle de travers, et le vent se renforce progressivement. Comme d’hab, ce n’est pas le grand confort : la houle soulève le côté gauche du bateau, un bon coup de gîte sur tribord, puis elle s’éloigne, un bon coup de gîte sur babord... et ça va continuer toute la journée, l’Etna disparaissant progressivement sur notre arrière.

En fin d’après-midi, la ville moderne de Syracuse se dévoile sur tribord, avec tous ses grands immeubles, puis la citadelle qui marque l’entrée de la baie. On y pénètre avec plaisir, la houle s’apaise, on prend notre poste (avec pendille, pas besoin de mouiller !) dans la marina, au pied de la vieille ville.

Syracuse  : "J’aimerais tant voir Syracuse"

Contrairement à Taormina, Syracuse a tenu ses promesses. Le bateau bien amarré, face au quartier d’Ortygie, nous sommes à pied d’oeuvre pour parcourir la vieille ville.

Le premier soir, en cherchant une gelateria, nous "tombons" sur la place du Duomo avec tous ses monuments illuminés avant de déboucher sur la piazza Archimède et sa superbe fontaine avec naïades, sirènes et tritons : quelle féerie !

Le duomo

Le charme opère aussi de jour. La grande place avec sa cathédrale baroque édifiée dans l’enceinte d’un temple antique mais aussi le dédale des ruelles où l’on a envie de se perdre et où l’on découvre à chaque coin des palazzi désaffectés avec leurs balcons en fer forgé.
Tout n’est pas encore restauré et les maisons sont habitées, ce qui ajoute au plaisir de la visite. Sur le front de mer, à quelques mètres de la grande bleue, une jolie fontaine d’eau douce, la fontaine d’Aréthuse abrite à l’ombre d’un papyrus, des canards, des oies et des mulets (je parle des poissons) qui semblent vivre en bonne entente.

Ruelle du quartier juif d’Ortygie

Passée la forteresse (Castello di Manioce), le contraste est saisissant avec le calme relatif de la baie : dans cette partie de l’île ouverte sur la mer, les vagues déferlent violemment. On déambule dans les ruelles du quartier juif de plus en plus resserrées .
Ne pouvant voir le dernier "Mikwé" (un bain rituel juif où les femmes venaient se purifier), nous visitons le musée de l’Opera dei Pupi (dont le principal thème est la lutte du preux chevalier Roland, contre les méchants sarrazins aux mines patibulaires). Plus loin nous aperçevons un atelier de fabrication des marionnettes.

Si nous avions pu attendre mardi, nous aurions pu assister à la représentation d’ Andromaque d’Euripide au théâtre grec mais un fort vent d’ouest est annoncé et il vaut mieux lever l’ancre demain. Pour nous consoler, nous terminons notre séjour à Syracuse par un "ottimo ristorante" avec un serveur zélé et stylé.


Syracuse Porto-Palo

Mardi 7 juin, on quitte Syracuse. Toujours cette houle de travers qui nous fait rouler. Aujourd’hui, la visibilité est franchement médiocre et on ne découvre le cap Passero (qui marque la pointe sud est de la Sicile) qu’à moins de deux milles.
On empanne pour se diriger vers l’entrée de Porto Palo, en espérant que la longue digue va casser la houle... Ouf, c’est bien ce qui se passe !

Les chalutiers de Porto Palo

Surprise, derrière la digue, une bonne trentaine de chalutiers sont abrités, amarrés sur coffre. On zigzague entre eux jusqu’à trouver un petit coffre libre. Le vent souffle assez fort et on reste tranquillement à bord : sieste, lecture, écriture et petits bricolages... Nous ne saurons rien des charmes de Porto Palo !


Porto Palo Marina de Raguza

Le vent d’Ouest menaçant de se lever en début d’après-midi, nous partons tôt de Porto Palo (partir d’un mouillage est toujours plus vite fait...), navigation tranquille et on musarde à la voile jusqu’au repas, on pêche, on ne se fait pas de souci, l’étape est courte.
Vers 13h30 nous passons un cap intermédiaire, le vent forcit, s’enfle jusqu’à atteindre 22 noeuds et tourne carrément à l’ouest. Bien qu’il ne reste qu’une dizaine de milles pour atteindre le port, nous mettrons trois bonnes heures, en tirant des bords sur une mer agitée, pour y arriver.

Heureusement, Marina de Raguza a tout ce qu’il faut pour cocouner des navigateurs fatigués : accueil au port, gentillesse des secrétaires, sanitaires magnifiques. Il y a même un accastilleur et ... un coiffeur pour les filles qui n’arrivent plus à coiffer leurs cheveux fous.

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Galerie

Vos commentaires

  • Le 11 juin 2011 à 22:31, par Pierre En réponse à : De la Calabre à la Sicile

    Salut les volcanologues ! Vos semelles ont-elle resiste ? Avez-vous essaye de faire cuire un oeuf au sommet ?

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    • Le 12 juin 2011 à 12:36, par Jean-François En réponse à : De la Calabre à la Sicile

      Tu rigoles, mais je suis sur qu’en creusant un peu on aurait pu le faire cuire, cet oeuf ! A certains endroits, en creusant une trentaine de centimètres, c’était quasi brûlant (sans doute des vapeurs chaudes diffusant au travers du sol ?).
      Comme tu peux le voir sur une photo, on s’est contentés de manger un sandwich les fesses bien au chaud et la tête au froid (à 3000m il y avait un sacré vent !)
      Bises de tout l’équipage

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  • Le 12 juin 2011 à 20:17, par Christine En réponse à : De la Calabre à la Sicile

    Et qu’en est-il de vos fonds de pantalon après la station assise sur les scories imprégnées de composés soufrés(diapo 16) ? J’ai le souvenir d’un short qui s’est désintégré au lavage ; je m’étais de même assise (pourtant pas bien longtemps) sur quelque versant volcanique exhalant ses vapeurs !
    Sinon, joli récit et beaucoup de variétés dans cette étape !Bises à tous les 4

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    • Le 13 juin 2011 à 18:42, par catherine En réponse à : De la Calabre à la Sicile

      Bravo les vulcanologues !!!!Quelle belle ascension inoubliable.Je l’ai fait en 69
      et la chance de voir les coulées de lave spectacle prodigieux.
      Je vous embrasse
      Catherine

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    • Le 19 juin 2011 à 13:07, par Jean En réponse à : De la Calabre à la Sicile

      Après lavage les shorts semblent avoir résisté, notre halte était sur des émanations de vapeur d’eau. Bises à vous deux.

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  • Le 15 juin 2011 à 21:39, par Elisa En réponse à : De la Calabre à la Sicile

    kalispera les thalassaphiles
    je reprends "la plume" mais j’ai continué à suivre l’Odyssée. Les messages ne manquent pas de piquant non plus. Vous nous faîtes rêver, les messages nous amusent. Je trouve vraiment très sympa cette façon de communiquer avec vous. cela nous donne même l’occasion d’avoir des nouvelles des uns des autres.Cela va s’arrêter hélas mais mai et juin ont été des bons mois pour ATPM. bises. à bientôt. Elisa

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    • Le 19 juin 2011 à 13:19, par Jacqueline En réponse à : De la Calabre à la Sicile

      Buon giorno Elisa,
      C’est sympa de « reprendre la plume » et de nous encourager à continuer notre récit. Tant mieux si le blog permet aussi d’avoir des nouvelles des copains. En tout cas, pour nous, chaque message est une surprise et un plaisir toujours renouvelés.
      Je te réponds depuis la Sardaigne où nous venons d’arriver après 30 heures de navigation. Mais pour en savoir plus, il faudra attendre le prochain article...
      Bises de tout l’équipage.

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  • Le 15 juin 2011 à 22:42, par philippe En réponse à : De la Calabre à la Sicile

    Tout le récit est bien, mais la photo des vulcanologues est parfaites en raison du contraste des couleurs. C’était le moment de provoquer *malencontreusement* la chute d’un équipier dont on voudrait se débarrasser. J’y vois même un début d’histoire à la Agatha Christie.

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    • Le 19 juin 2011 à 12:59, par Jean En réponse à : De la Calabre à la Sicile

      A propos de chute dans le cratère, la légende rapporte qu’Empedocle (philosophe, poète et magicien grec) a finit ses jours en se jetant dans le cratère. Selon Lucian, l’Etna a rejeté une de ses sandales.

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  • Le 20 juin 2011 à 09:23, par Camille En réponse à : De la Calabre à la Sicile

    Philippe pousse au crime ! Ah c’est du joli !
    Après l’ile mystérieuse, le voyage au centre de la terre ! Les photos toujours aussi belles et le plaisir de vous accompagner dans vos pérégrinations palpitantes.

    Des bises aux vulcanologues

    Camille

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    • Le 21 juin 2011 à 10:31 En réponse à : De la Calabre à la Sicile

      Salut Camille,

      Certes, mais le titre à trouver est en rapport avec la mer, n’oublie pas !

      Je t’envoie ce message depuis la Sardaigne où nous sommes arrivés samedi 18 ; à présent, nous nous apprêtons à partir deux jours respirer l’air de la montagne. Après l’île mystérieuse et le voyage au centre de la terre, ce sera premier de cordée...en fait, on va surtout se reposer et buller, je pense !

      J’espère que tu es en forme et je t’embrasse
      Jacqueline

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      • Le 25 juin 2011 à 14:47, par camille En réponse à : De la Calabre à la Sicile

        Coucou les explorateurs,
        Ah j’avais oublié le concours. Vous voilà partis à la chasse à la baleine comme Melville et sa Moby dick.
        Je sais d’autres auraient préféré une mob toute simple mais en mer ce n’est pas l’idéal. (orange ou bleue comme dans les années 70)
        Vos nouvelles commençaient à me manquer ! Buller est une activité à privilégier par les chaudes températures et aussi les autres.....
        Des bisous à tous les quatre.
        Camille

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