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Le Bouddhisme en Birmanie

Notre voyage du 15 au 31 janvier 2015 avec Claude, Hubert, Josiane et Nicole

mardi 17 février 2015

par (Jacqueline)

Il y a 2 messages de forum.

Après une rapide histoire du Bouddhisme, je pr�sente cette religion telle qu’elle est enseign�e et pratiqu�e en Birmanie, apr�s quoi je vous en d�cris l’architecture sacr�e.

# Histoire du bouddhisme

90% de la population birmane est bouddhiste.
Le bouddhisme a été introduit en Birmanie au 3�me si�cle avant JC par des envoy�s du roi indien Ashoka . Le bouddhisme birman est rattach� � la tradition � Theravada � (Petit V�hicule). C’est un bouddhisme tr�s orthodoxe et exigeant car il ne propose aucun interm�diaire entre les fid�les et Bouddha et chacun se retrouve seul avec sa croyance. C’est pourquoi les Birmans continuaient de v�n�rer les Nats, esprits bienveillants ou malveillants dont ils se conciliaient les faveurs par des offrandes.

Plus tard, deux autres �coles du bouddhisme apparurent (le Mahayana et le Vajrayana).qui coexist�rent avec la premi�re jusque sous le r�gne du roi Anawratha (XI�me si�cle). Ce dernier entreprit de r�unifier les pratiques religieuses et opta pour le bouddhisme dans sa forme originelle, le Theravada. Il tenta aussi d’interdire le culte des Nats mais se rendant compte que les Birmans ne voulaient pas abandonner leurs pratiques, il pr�f�ra reconna�tre 37 Nats en les subordonnant � la sup�riorit� du Bouddha.

L’originalit� du bouddhisme birman r�side donc dans cette assimilation de croyances populaires et aujourd’hui encore, le culte des Nats est �troitement associ� � la religion officielle.

# La doctrine du bouddhisme

## La vie de Bouddha

Notre guide, Pio, tr�s pieuse, nous a longuement racont� la vie de Bouddha et son enseignement mais je ne vous dirai que l’essentiel !

Le vieillard

Bouddha est n� au N�pal en 544 av. JC. Il descend d’une famille royale et n’est devenu Bouddha (en sanscrit � l’Eveill� �) qu’� partir de 35 ans. A 29 ans, alors qu’il se prom�ne hors de l’enceinte du palais, quatre rencontres bouleversent sa vie : un vieillard, un malade, un cadavre (qui lui font d�couvrir la souffrance du temps, la maladie et la mort) et un ermite qui lui montre la sagesse. Il renonce alors � sa vie de palais et commence une vie d’asc�se. Apr�s une p�riode d’asc�tisme extr�me, il trouve une voie moyenne et se concentre sur la m�ditation, en refusant le laxisme comme l’aust�rit� excessive.

Bouddha a v�cu 80 ans dont quarante de pr�dication mais il n’a jamais nomm� de successeur. Cette absence d’autorit� supr�me explique l’histoire du bouddhisme faite de divisions, d’�coles diff�rentes et aussi d’emprunts aux traditions locales.

## Les principes du bouddhisme

La base du bouddhisme est la croyance en la r�incarnation et le karma (ou loi naturelle des causes et des cons�quences). Toute action entra�ne des cons�quences bonnes ou mauvaises et chaque �tre se r�incarne dans le cycle des vies en fonction de ses m�rites. Si l’on veut obtenir une r�incarnation � un niveau sup�rieur et �chapper au cycle des r�incarnations, il faut donc acqu�rir des m�rites. Comment y parvenir ?

La voie est donn�e dans � les quatre Nobles V�rit�s � :
- l’existence conduit in�vitablement � la souffrance
- la souffrance r�side dans le d�sir
- pour supprimer la souffrance, il faut supprimer le d�sir
- pour an�antir le d�sir, il faut se soumettre � une discipline.

Cette discipline est pr�sent�e dans � l’Octuple Sentier � qui pr�sente huit cat�gories regroup�es sous trois rubriques : la moralit�, la m�ditation, la sagesse intuitive (pour la distinguer de la sagesse intellectuelle)

L’octuple sentier


- la moralit� permet de cr�er un environnement favorable � la pratique pour soi et les autres. Elle comprend la parole juste, l’action juste et les moyens d’existence juste
- la m�ditation permet de calmer l’esprit. Elle comprend l’effort juste, l’attention juste et la concentration
- la sagesse est l’acc�s � la r�alit� ultime. Elle consiste en la pens�e juste et la compr�hension juste.
Pour acc�der � la sagesse, il faut donc agir non seulement sur le comportement ext�rieur (paroles et actions) mais aussi sur la pens�e int�rieure (par la m�ditation).

A partir de l� d�coulent des devoirs minima pour chaque bouddhiste exprim�s dans les 5 Pr�ceptes : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre l’adult�re, ne pas mentir, ne pas consommer de drogues (y compris l’alcool). Certains fid�les ajoutent d’autres pr�ceptes : ne pas manger apr�s midi, ne pas se divertir, ne pas utiliser de parfum…. Quant aux moines, ils ont 227 prescriptions � respecter !

# La pratique du bouddhisme

## La vie monastique

Il existe pr�s de 500 000 moines et nonnes pour environ 50 millions de Birmans, soit 1% de la population !
Chaque jour, nous avons crois� sur notre route des processions de moines (en habit safran) ou de nonnes (en habit rose) qui allaient qu�ter leur nourriture, un grand bol noir sous le bras. En effet, ils ne travaillent pas, ne poss�dent aucun argent et d�pendent donc enti�rement des offrandes des la�cs pour vivre (ce qui pose tout de m�me probl�me quand on voit la pauvret� de la majorit� de la population !!).

Défilé de jeunes moines

Nous avons visit� plusieurs monast�res et avons �t� surpris par le respect de la population � leur �gard. Le monast�re Mahagandayon, situ� � Amapoura (une dizaine de kilom�tres au sud de Mandalay) est un des plus grands du pays. Fond� dans les ann�es 1950, il ne pr�sente aucun int�r�t architectural. Mais � 10h15, assister au d�fil� des 1500 moines et novices, munis de leurs bols, qui attendent en silence de passer devant leurs bienfaiteurs est un spectacle impressionnant (un peu d�tourn� par l’afflux des touristes !).

Apr�s le repas des moines, nous avons pu parler avec l’un d’entre eux : il nous a expliqu� son bonheur d’avoir pu int�grer ce monast�re qui est aussi une universit� r�put�e o� l’on enseigne les langues et m�me l’informatique � c�t� de la religion.

Costume de Shin Pyu

Dans la vie d’un bouddhiste, chaque gar�on doit effectuer une p�riode plus ou moins longue (d’une semaine � plusieurs mois, voire plusieurs ann�es) dans un monast�re. Pour l’occasion, les enfants (de 5 � 10 ans) sont d’abord habill�s comme des princes, puis, pour symboliser l’abandon de son statut par Bouddha, rev�tent une tenue plus sobre et se font raser la t�te. C’est la c�r�monie d’ordination ou Shin Pyu.

L’engagement monastique d�pend d’un choix personnel, sauf dans le cas d’enfants orphelins ou issus de familles trop modestes qui n’ont d’autre choix que de vivre au monast�re.
Il n’est pas non plus d�finitif. Une fois ordonn�s (l’ordination n’est conf�r�e qu’� ceux qui ont plus de vingt ans), les moines peuvent retourner � la vie la�que s’ils veulent se marier et avoir des enfants. Inversement, un la�c peut passer un certain temps dans un monast�re pour pratiquer la m�ditation (en g�n�ral lorsque les �tudes sont termin�es avant de s’engager dans un m�tier).

Si les moines occupent un rang �lev� dans la hi�rarchie sociale, il en va autrement des nonnes. Aucun rite d’ordination ne marque leur entr�e dans la communaut� monastique sinon le don pr�cieux de leur chevelure et l’adoption d’une robe de couleur rose. Etre nonne c’est une entr�e en retraite qui ne conf�re aucun statut particulier. Les vocations sont d’ailleurs moins nombreuses : 70 000 nonnes pour 430 000 moines.

L’offrande au Bouddha

## La pratique religieuse des Birmans

Pagode Shwedagon

La voie monastique est exigeante et implique une vie de renoncement. La plupart des fid�les se contentent d’acqu�rir des m�rites en nourrissant les moines, en faisant des offrandes � la pagode (fleurs, feuilles d’or) ou, quand ils en ont les moyens, en participant � la construction ou la r�novation d’un stoupa ou d’une pagode. Ceci dit, les Birmans sont tr�s pieux, si on en croit le nombre des fid�les qui se rendent � la pagode pour prier, m�diter ou faire des offrandes.

Nous avons constat� cette d�votion � de nombreuses reprises, en particulier � Rangoon � la pagode Shwedagon : une foule de fid�les (� laquelle se m�lent les touristes) y viennent arroser le Bouddha, r�citer une pri�re, m�diter. Jeunes et vieux, citadins et p�lerins, la�cs et moines se c�toient en toute qui�tude.

Nous avons �galement visit� deux autres grands lieux de culte du bouddhisme :

- Le Rocher d’Or dans les environs de Rangoun

Le Rocher d’Or

On s’y rend en camion public (il faut attendre que le camion soit rempli de p�lerins) par une route escarp�e qui monte � 1200 m�tres d’altitude. De l’immense plate-forme recouverte de sanctuaires, salles de pri�res, cloches, gongs…, on d�couvre l’�norme rocher enti�rement dor�, pos� en �quilibre (selon la l�gende, un cheveu du Bouddha maintiendrait le tout en �quilibre !). Les p�lerins le recouvrent de feuilles d’or (mais seuls les hommes sont autoris�s � le toucher…).

Le culte des Nats y est �galement � l’honneur, comme l’atteste le pavillon consacr� � Shwe Nan Kyin, une femme karen qui �tait l’�pouse l�gendaire du roi de Thaton. Elle est v�n�r�e essentiellement par les femmes qui la couvrent de billets de banque et d’offrandes, fleurs ou noix de coco. Dans la foule, on croise, outre les nombreux touristes, des familles enti�res qui passent la nuit en �talant leurs nattes � m�me le sol et des visiteurs bouddhistes d’autres pays (en particulier la Tha�lande et la Chine).

A la tomb�e de la nuit, nous avons eu une discussion anim�e sur la religion : j’ai exprim� ma d�ception face � des pratiques qui me semblaient davantage relever de la superstition que de la foi. Claude m’a r�pondu que ces croyances aidaient les Birmans � supporter une vie difficile et � esp�rer. C’�tait d�j� le raisonnement du roi Anawratha au XI�me si�cle.

- Le mont Popa, dans la r�gion de Mandalay

Les Nats du mont Popa

Le monast�re est install� au sommet d’une ancienne chemin�e volcanique � 700 m�tres d’altitude. Au pied du grand escalier, une salle abrite les 37 Nats reconnus par le roi Anawratha. Puis l’ascension des 700 marches au milieu des singes permet d’acc�der � la pagode au demeurant peu int�ressante.

Je pensais que le bouddhisme n’�tait pas une religion comme les autres car elle est sans Eglise et d�barrass�e de tout le c�r�monial qui encombre notre catholicisme. Mais force est de constater qu’en Birmanie il n’est pas moins m�l� de religiosit� et de superstition que le catholicisme dans nos campagnes, au d�but du vingti�me si�cle. Faut-il en conclure que la spiritualit� est un luxe pour nantis ? En tout cas, il faut admettre que les Birmans ont besoin de croire en l’existence de ces esprits pour faire face au quotidien.

# L’architecture sacr�e

Le terme de pagode est souvent utilis� pour d�signer un temple religieux. Mais il repr�sente en fait l’ensemble des monuments regroup�s dans un m�me site : temple, stoupas, monast�re, statues de Bouddha.

Quelques pr�cisions s’imposent :

Stoupas


- Le temple est une structure creuse, en briques souvent recouvertes de stuc dor�, abritant une ou plusieurs statues du Bouddha que les fid�les viennent v�n�rer.
- Le stoupa, � la diff�rence du temple, est une structure pleine qui contient une relique sacr�e (un cheveu, un os, une dent du Bouddha). Les fid�les les v�n�rent en circulant autour.
- Le monast�re est destin� � h�berger des moines. Il est en bois ou en briques, souvent � deux �tages et parfois surmont� de plusieurs toits superpos�s.
Nous en avons visit� un tr�s grand nombre. Rassurez-vous, je ne vais pas vous les pr�senter tous !

J’ai beaucoup aim� :

Temples de Pagan


- Le site de Pagan, premi�re capitale du royaume entre le 11�me et le 14 �me si�cle, dans la r�gion de Mandalay. Les rois de Pagan qui introduisirent le bouddhisme firent construire dans cette vaste plaine plus de 2000 temples, monast�res et stoupas. La plupart sont en briques car le stuc dor� qui les recouvrait a disparu. Les formes sont harmonieuses et l’ensemble d�gage une impression de s�r�nit� et de grandeur. En montant en haut d’un de ces �difices, on d�couvre un paysage magnifique qui t�moigne de la splendeur d’une civilisation pass�e. Le soir, les touristes s’agglutinent pour photographier le soleil couchant du haut d’un temple mais malgr� la foule, l’instant o� le soleil dispara�t derri�re l’horizon est �mouvant.

- Ava, devenue capitale du royaume apr�s la chute de Pagan, entre le 14 �me et le 18 �me si�cle. Le site est sur une sorte d’�le artificielle form�e par un canal reliant une rivi�re � l’Irrawaddy (le plus grand fleuve de la Birmanie). On s’y rend par un bac puis on traverse en cal�che une campagne fertile. Au milieu des rizi�res et entour� de palmiers � sucre se dresse le monast�re Bagaya, une magnifique b�tisse en teck massif, �rig�e en 1834 par le roi Bagyidaw. Dans la salle de pri�re o� r�gne une belle atmosph�re on peut voir de nombreux d�cors sculpt�s dans le bois. Le monast�re est toujours habit� par des moines et des novices y re�oivent des cours.

le monastère Bagaya

J’ai �t� surprise et un peu d��ue par :

Bouddhas géants


- le gigantisme : entre autres exemples, la statue de Bouddha, haute de 129 m�tres, dans les environs de Monywa. Elle fut construite au d�but des ann�es 1990 par un moine un brin m�galo qui voulait �riger le plus grand Bouddha du monde !
- la salet� et le manque d’entretien : je pense en particulier aux grottes de Powingtaung pr�s de Monywa. Ce sont des cavit�s creus�es dans le rocher qui renferment de nombreuses statues de Bouddha ainsi que des fresques murales. Mais le site est sale, mal entretenu et envahi par les macaques que les Birmans nourrissent !

- la surabondance des statues : l� aussi, les exemples sont nombreux…Que ce soit la grotte de Pindaya qui abrite 8000 bouddhas dor�s ou le temple de Thanboddhay qui renferme quelques 600 000 bouddhas de toutes tailles (nous en avons m�me achet� un qui ira rejoindre ses coll�gues sur un coin de mur !).

Les 600 000 Bouddhas (aperçu !)

A la fin du voyage, nous frisions l’overdose… bouddhas assis, bouddhas couch�s, bouddhas debout… !!!

Conclusion

Ce fut un voyage int�ressant qui nous a permis de comprendre l’importance d’une religion au cœur de la vie des Birmans. Nous avons �t� touch�s par la gentillesse des gens, leur douceur, leurs sourires.

Bien s�r, nous avons d�couvert aussi d’autres aspects du pays : la vie rurale et lacustre (sur le lac d’Inl�), l’artisanat. Mais nous aurions souhait� plus d’informations sur son histoire, son �conomie, la situation politique actuelle. Sur ces sujets j’esp�re pouvoir enrichir ma connaissance de ce pays attachant en suivant les derni�res conf�rences de Bruno Chabanas � l’UTA sur la Birmanie…

Bibliographie  : pour �crire cet article, j’ai utilis� notre exp�rience du voyage et l’excellent guide D�couverte sur la Birmanie. J’ai aussi fait plusieurs recherches sur internet.

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