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L’art roman

mercredi 7 décembre 2011

par (Jacqueline)

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Le terme de « roman » créé au XIXème siècle désigne l’art qui se développe, en Occident, après la dissolution de l’art carolingien. Nous amorcerons cet article avec l’art carolingien car il révèle, à l’orée du 9ème siècle, la première rupture avec les arts germaniques.

L’époque carolingienne

En l’an 800, à Rome, Charlemagne reçoit la couronne impériale des mains du pape et devient ainsi l’héritier de l’Empire romain et chrétien. Pour la première fois, depuis la chute de l’Empire romain, l’Occident se trouve donc uni sous une seule et même autorité.
La réorganisation du royaume franc entraîne une remarquable éclosion artistique entre le 8ème et le 9ème siècle : de 768 à 855 sont construits 27 cathédrales, 417 monastères et 100 résidences palatines.

Pendant cette période dite du « Haut Moyen Age », s’élaborent de nouvelles formes d’expression qui aboutiront progressivement à l’art roman. En effet, s’il se caractérise par un retour aux formes de la haute Antiquité, l’art carolingien en propose une adaptation originale. Par exemple, le plan architectural des églises reprend le plan centré et basilical de la haute antiquité mais au chœur de l’édifice religieux placé selon la liturgie romaine à l’est, est adjoint à l’ouest un second chœur parfaitement similaire au premier. La basilique carolingienne présente donc deux chevets symétriques.

plan de basilique carolingienne

Pour orner les édifices on réemploie des œuvres issues des constructions antiques (chapiteaux et colonnes le plus souvent) au détriment d’une sculpture proprement carolingienne. La peinture des manuscrits et l’orfèvrerie constituent la majeure partie de l’héritage carolingien.

Mais à la fin du 9ème siècle, l’écroulement de l’Empire carolingien, sous le coup de nouvelles invasions, brise profondément l’unité occidentale.

L’art roman

On distingue deux périodes dans l’art roman. Le premier art roman (du 9ème au 11ème siècle) et le second (11ème-12 ème siècle). L’apogée du style est atteint entre 1050 et 1150.
L’art roman est étroitement lié au formidable développement du mouvement monastique à cette époque.

Les ordres religieux

- l’ordre clunisien est un ordre bénédictin, crée en 909 par Guillaume 1er, duc d’Aquitaine donnant le domaine de Cluny à l’Eglise romaine pour y fonder un monastère.
L’ordre affirme sa puissance du 11ème à la première moitié du 12ème siècle et la protection pontificale lui donne une indépendance vis à vis du pouvoir local, laïc ou épiscopal.
Mais des critiques finissent par se faire entendre sur les richesses des Clunisiens et l’attiédissement de leur ferveur, tandis qu’un nouveau monachisme bénédictin, celui de Cîteaux étend son influence.

- l’ordre cistercien ou ordre de Cîteaux remonte à la fondation de l’abbaye de Citeaux par Robert de Molesme en 1098. Il doit son rayonnement à Bernard de Clairvaux (1090-1153) homme d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels qui restaure la règle bénédictine de l’isolement, du travail manuel, du silence et de la pauvreté. . .

Le cloître de l’abbaye de Fontenay

L’architecture de l’église romane

Elle présente un plan simple (une à trois nefs terminées par une abside).
La grande nouveauté est la voûte en pierre qui remplace peu à peu la charpente en bois.
Trois types de voûtes sont alors utilisées :

- la voûte en berceau (plein cintre ou brisé) :

C’est un demi-cylindre de pierre posé sur la nef. Lorsque la voûte est en plein cintre, ses poussées s’effectuent horizontalement vers l’extérieur.

Lorsque le berceau est brisé, les poussées sont alors réparties vers l’extérieur et à la verticale, vers le bas des murs.

- la voûte d’arêtes : elle est formée de deux voûtes en berceau se coupant à angles droits, l’essentiel des poussées reposant sur les piliers d’angles, les murs des édifices peuvent être largement percés d’ouvertures.

Voute d’arêtes

- la coupole : elle s’utilise pour couvrir la croisée du transept afin d’en magnifier l’espace.

Les différentes parties de l’église romane

- le tympan : sur la partie supérieure du portail, se trouve le tympan surmonté par des archi-voltes. Le tympan représente souvent le Christ en majesté entouré du tétramorphe ou « les quatre vivants » qui sont les animaux emblématiques des quatre évangélistes. l’homme pour Matthieu (car son évangile débute par la généalogie humaine du Christ), le lion pour Marc, le taureau pour Luc, et l’aigle pour Jean.

le tympan de la cathédrale d’Autun


- le narthex : c’est le lieu de rassemblement des fidèles avant d’entrer dans le sanctuaire (Cathédrale de Saint-Philibert de Tournus)
- la nef : elle va du portail (ou du narthex) à la croisée du transept et comporte deux bas-côtés (ou collatéraux) de quatre à sept travées.
- le chœur : c’est la partie de l’église qui abrite l’autel. Il est réservé au clergé. Il se compose de l’abside et d’une ou plusieurs travées.
- le chevet : du latin « capitium », il désigne l’extrémité du chœur et correspond à la partie de la croix sur laquelle le Christ crucifié posa sa tête. Il comprend le déambulatoire (s’il y en a un) et les chapelles rayonnantes ou absidioles.
- les cryptes : ce sont les chapelles souterraines où sont conservées les reliques

Plan d’une église romane

La sculpture romane

Elle est surtout présente dans la décoration des tympans et les chapiteaux des colonnes qui soutiennent les voûtes.
Elle a un but pédagogique et sert de livre d’images en donnant à voir les différents épisodes de l’histoire sainte. Les sujets sont tirés de l’Ancien Testament (tentation d’Eve, sacrifice d’Abraham, Daniel dans la fosse aux lions) ou des Evangiles (Adoration des mages, fuite en Egypte, Apocalypse…).

chapiteau sculpté (Eve) de la cathédrale d’Autun

Certains thèmes révèlent des influences païennes comme les signes du zodiaque ou la pesée des âmes avec une balance qui renvoie à la tradition religieuse égyptienne.
Elles représentent aussi une leçon de morale : les vices et les vertus sont souvent représentés (l’Avarice, la Luxure, la Générosité, la Patience…).
Les sujets tirés de la vie quotidienne sont également nombreux : travaux agricoles ou artisanaux, scènes de chevalerie. On recourt au bestiaire fantastique (griffons, dragon, licornes) et à la représentation d’êtres monstrueux.

La peinture romane

Les hauts murs et la longue voûte en berceau de la nef fournissent une surface idéale pour la fresque mais il en reste peu d’exemples car de nombreuses peintures ont été détruites ou effacées.
La voûte représente généralement un Christ en majesté ou un Christ rédempteur sur son trône et une mandorle encadrée par les symboles des quatre évangélistes. Le mur nord présente des scènes narratives de l’ancien Testament et le mur sud le Nouveau Testament.
Un des plus beaux exemples intacts est visible dans l’abbaye de Saint-Savin sur Gartempe.

fresque de l’Eglise de Saint-Savin

Les peintures murales évoquent des scènes de l’ancien Testament : la Création, la vie d’Adam et Eve et surtout l’histoire très vivante de l’arche de Noé présentant des personnages apeurés et de nombreuses fenêtres à travers lesquelles on aperçoit Noé et sa famille sur le pont supérieur, des oiseaux sur le pont du milieu et des paires d’animaux sur l’inférieur. Les couleurs employées sont peu nombreuses : ocre jaune, ocre rouge et vert mélangées au blanc et au noir.

Galerie

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