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Le canal du Midi

mercredi 7 septembre 2011

par (Jean, Jean-François, Myriam)

Il y a 10 messages de forum.

Résumé du journal de bord

Pour les amateurs de précisions, voici le déroulement précis (et d’ailleurs sans aucun intérêt) de notre cheminement, entre l’étang de Thau et Toulouse. Par souci de simplicité, je n’ai compté qu’une écluse, même quand elles sont regroupées en échelles.

- 24 juillet : Départ de Frontignan, traversée mouvementée de l’étang de Thau (voir épisode précédent), entrée dans le canal aux Onglous, 8 km, 3 écluses, amarrage au port fluvial d’Agde.
- 25 juillet : 23 km, 3 écluses, amarrage avant l’écluse de Béziers
- 26 juillet : 55 km, 3 écluses dont l’échelle sextuple de Fonséranes, amarrage avant l’écluse d’Argens
- 27 juillet : 35 km, 10 écluses, amarrage avant l’écluse de Trèbes
- 28 juillet : 13 km, 6 écluses, amarrage dans le port de Carcassonne

Le port de Carcassonne


Mois d’août : cueillette des framboises à la montagne, arrachage des patates en Anjou, installation de cuisine en Ardèche, visites diverses de copains.
- 30 août : appareillage de Carcassonne, 25 km, 6 écluses, amarrage avant l’écluse de Bram.
- 31 août : 16 km, 11 écluses, amarrage dans le port de Castelnaudary (cassoulet aux deux confits oblige).
Outre que la ville est charmante avec ses bassins et ses clochers en pierre, la capitaine est adorable, (et rousse ce qui fait fondre ces messieurs), sa capitainerie a toutes les qualités : des douches chaudes à souhait, des toilettes ouvertes la nuit et un service de pain et croissants le matin.
- 1er septembre : 26 km, 11 écluses, amarrage avant l’écluse de Laval
- 2 septembre : 32 km, 6 écluses, amarrage au port Saint-Sauveur à Toulouse.

De Carcassonne à Toulouse

Bizarre impression de retrouver le bateau comme si on l’avait quitté la veille alors qu’un long temps s’est écoulé depuis notre départ.

L’anniversaire de Jean tombe ce premier jour de la reprise. Sur une place de Carcassonne, une agréable terrasse offre un menu alléchant. Les serveuses sont quelque peu débordées par l’affluence mais nous sommes d’excellente humeur et ne râlons pas de faire la fermeture à minuit.

Mardi matin, c’est reparti, belle journée chaude et ensoleillée, on reprend le rythme : les quarts de navigation, chacun son poste à l’arrivée aux écluses... mais nous sommes considérablement plus reposés. Le capitaine est plus détendu, les équipiers aussi et même le flux des écluses est plus doux. Un éclusier nous explique qu’on est arrivé dans une région tranquille où personne n’est pressé.

Bassinee dans l’ecluse ovale

On partage nos bassinées avec des bateaux sympathiques, en particulier une vedette hollandaise tenue par des Rochellois qui passent leurs vacances entre la mer et les canaux ainsi qu’une improbable embarcation : coque de petit voilier, superstructures avec pare-brise et panneaux amovibles. Un grand échalas en sort, tel un diable hors de sa boîte, il conduit dans l’écluse tandis que sa femme plutôt ronde court à terre tourner les amarres autour des bollards. Quand ils repartent, le « Pélican » au ras de l’eau gîte carrément à droite, seul le chat de l’autre bord tente de faire contrepoids.

Le Pelican

Toulouse


A Toulouse, le port Saint Sauveur est tenu par une Cerbère qui règne sur la vie des bateaux : approvisionnement en eau (pas de lavage de pont), en gazole (pas une goutte dans le canal). Elle s’est radoucie, paraît-il, depuis l’année dernière. L’encore jeune moustachu qui la suit comme son ombre y serait pour quelque chose.

Le soir même, réception à bord. Nous accueillons Christian, le neveu et filleul de Jean-François, qui habite à Toulouse. Echange de nouvelles autour d’une bouteille de champagne et d’une blanquette de veau.

Le lendemain, nous nous faisons une joie de revoir Serge, Elodie et Amélie. Serge, le fils de Jean vient nous chercher au port et nous emmène à Colomiers où nous découvrons la maison qu’ils viennent d’acheter. Certes il y aura des travaux à faire mais elle est déjà très agréable avec sa véranda, son jardin et sa piscine où nous prenons plusieurs bains.

Papy donne la becquee

Amélie a bien grandi depuis l’année dernière, elle n’a plus mal au ventre et ne pleure pas. Elle est très éveillée , adore l’eau de sa petite piscine, jusqu’à la boire à grandes lampées, et a un solide appétit avec un goût prononcé pour les framboises. Non loin de la maison, un parc offre sa mare aux canards et ses jeux pour enfants. Tout semble concourir à une vie plus tranquille pour les parents qui se sont rapprochés de leur lieu de travail et ont trouvé une nounou qui leur convient.

Aperitif dans le jardin

Merci à Serge et Elodie pour leur hospitalité et encore un toast à leur nouvelle vie à Colomiers. Quant à nous, oiseaux de passage, nous reprenons notre aquatique et rejoignons le canal latéral à la Garonne.

La vie de canal par Mimi

Au vu des photos et de la description du canal, j’avais vraiment envie de les découvrir et je ne suis pas déçue. Le ruban d’eau se déroule entre les vertes voûtes des platanes. Les maisons d’éclusier offrent à la vue feuillages, fleurs ou fruits.
Monotone ? Pas vraiment. Le canal fait des méandres, enjambe une rivière sur un pont-canal, passe dans un tunnel. Les platanes de la rive font place à des pins-parasol ou même à des ifs noirs. Les écluses étalent leur bel ovale de pierre, certaines solitaires, d’autres par échelles de 5 ou 6.

Bordure de pins parasol

Mais ce qui est le plus remarquable, c’est le calme qui règne dès qu’on aborde ces eaux, la vitesse ne dépasse pas 8 kilomètres-heure et les embouteillages y sont inconnus. Loin des villes, pas de zone industrielle ni d’hypermarché, seuls des villages de campagne proposent leur petite épicerie. Le long du canal, toutes sortes de gens cheminent : des pêcheurs avec leurs gaules, des randonneurs à vélo, des promeneurs solitaires et on y verrait bien aussi Œdipe sur la Route.

Les humains aussi sont tranquilles : des semi-marginaux pêchant sur des canots bricolés y croisent des gentlemen sur pénichette anglaise fleurie et… des bobos passant avec leur voilier démâté. On se prend à s’imaginer vivre à l’abri des platanes tricentenaires sans infos pour ressasser la crise internationale, en harmonie avec les gens et la nature.

Organisation des quarts

(suite à diverses revendications et dans un esprit d’équité)

C’est d’une simplicité biblique
- Art 1 : la durée d’un quart à la barre est d’une demi-heure, si possible aux heures rondes, mais sous réserve des articles suivants.
- Art 2 : Si le passage de l’écluse est fait par l’homme (ou la femme) de quart, le temps est compté dans son quart. Si le passage est fait par le chef de bord, le temps n’est pas compté dans son quart (sauf, bien sûr, si le quart est celui du chef de bord).
- Art 3 : toute écluse commencée par un quart est finie par le même dit quart, même si le temps total du quart excède la demi-heure réglementaire. Dans le sens avalant, après la sortie de l’écluse le quart se prolonge jusqu’au passage du déversoir.
- Art 4 : le quart est tenu de déposer un équipier avant l’écluse (pour prévenir l’éclusier ou déclencher l’automatisme), et de le…. récupérer à la sortie de l’écluse.
- Art 5 : les articles précédents peuvent être modifiés à la majorité qualifiée de l’équipage. La modification doit être consignée sous forme écrite par le bosco et contresignée par tous les membres de l’équipage.

Un peu de technique

Passage d’une écluse en sens montant

Dans l’ecluse en montant


- Le barreur dépose un équipier sur le ponton d’attente en aval de l’écluse.
- L’équipier va prévenir l’éclusier ou déclencher l’automatisme.
- Dans ce sens (montant) on s’arrange pour être en arrière de l’écluse. Il faut donc éventuellement laisser passer un ou deux bateaux à moteur, et s’amarrer derrière eux. Attendre qu’ils se soient bien amarrés pour s’approcher, les manœuvres des bateaux de location pouvant être un peu erratiques, surtout au mois d’août…). Les remous sont nettement moins violents en arrière de l’écluse, les bateaux à moteur, avec leur faible tirant d’eau, ne sont pas gênés par ces remous et courants traversiers en tête d’écluse.
- Les équipiers restés à bord lancent les amarres à celui déposé à terre, qui les repasse en double.
- Le barreur s’assure de la bonne position longitudinale du bateau : pas trop en avant, au risque de bugner le mât sur le bateau devant lui, pas trop en arrière, au risque de coincer l’arrière du mât sous la passerelle de la porte d’écluse, ou de bugner le safran dans le radier.
- Les portes arrières se ferment, les vannes des portes avant s’ouvrent et ça commence à danser sérieusement, il faut tenir les aussières bien raides pour que l’étrave ou le cul du bateau ne commencent pas à s’écarter du quai. Avec les courants traversiers, ça peut-être difficilement rattrapable, au risque de taper le mât sur le quai, à l’avant ou à l’arrière (d’où l’intérêt d’avoir démonté l’étai et l’enrouleur pour les reculer plus que le pied de mât, et d’avoir protégé par un seau la tête de mât et son feu de navigation, l’antenne VHF étant également démontée).
- L’écluse remplie, les portes avant s’ouvrent, on laisse partir les bateaux à moteur, et vogue la galère sur le nouveau bief !

Passage d’une écluse en sens avalant

Ecluse automatique


- Le barreur dépose un équipier sur le ponton d’attente en amont de l’écluse (sur le canal latéral à la Garonne, ce n’est pas nécessaire, il suffit de tourner la bistouquette qui pendouille en amont de l’écluse)
- L’équipier va prévenir l’éclusier ou déclenche l’automatisme.
- On entre dans l’écluse et, de préférence, le barreur place le bateau près de la porte aval.
- On porte les amarres en double (dans l’écluse de la gare de Matabiau, utiliser les bollards flottants, compte tenu de la grande hauteur de l’écluse)
-  Les portes arrières se ferment, il suffit de mollir doucement les amarres, tout se passe en douceur.
-  Les portes avant s’ouvrent, on sort en faisant attention à ne pas se faire dépaler par le déversoir, avec son courant traversier.

Défense et illustration du métier d’éclusier.

Maison d’eclusier

Sens montant.
Jeudi 9 septembre, midi et demi passés, on s’amarre au ponton d’attente pour un repas bien mérité. Entre la poire et le fromage, Jean s’écrie : qu’est-ce qui se passe, le chemin de halage est devenu un torrent de boue ! Le niveau d’eau monte, on déplace le bateau qui menace de monter sur le ponton et on va aux nouvelles à l’écluse toute proche.
la vacataire de l’écluse située plus en amont est partie déjeuner en laissant une vanne grande ouverte, nous dit l’éclusier
Le niveau dans le bief a monté, envahissant l’écluse et noyant tous les contacts électriques, tout a disjoncté !
Heureusement, les manivelles de commande des vannes ont été gardées (contre l’avis des ingénieurs !), les éclusiers moulinent pour rétablir les niveaux corrects dans les biefs. Mais il va falloir attendre qu’un technicien assèche les contacts pour remettre en route les moteurs de portes ; il n’y a plus de manivelles pour manœuvrer les portes, il faudrait les tirer au palan…).
Un heure plus tard, tout est remis en ordre, les portes s’ouvrent, on passe. L’histoire ne dit pas si la vacataire a été titularisée…

Sens avalant.
Vendredi 10 septembre, on aborde notre deuxième écluse automatisée du canal du midi. Procédure habituelle, Jean débarque pour aller enclencher l’automatisme. Il voit les deux bateaux qui nous précédaient sortir de l’écluse et appuie comme prévu sur le bouton marqué « Toulouse », c’est notre destination. Rien ne se passe. Les voyants de la borne continuent de clignoter, la séquence « fermeture des portes aval et remplissage de l’écluse, pour ouvrir les portes amonts » est bloquée.
Heureusement, un bouton espécial permet d’appeler un éclusier de garde, il va venir nous dépanner. Dix minutes après il arrive, ferme manuellement les portes aval et réenclenche la séquence.
Que s’est-il passé ? Deux bateaux nous avaient donc précédé dans l’écluse, un gros et un tout petit. Le radar d’entrée avait bien détecté les deux bateaux, mais le radar de sortie n’avait détecté que le plus gros. Pour l’informatique, il restait donc encore un bateau dans l’écluse, d’où le blocage de la séquence !

Pourquoi ne pas augmenter le sensibilité des radars ? Me direz-vous. Parce qu’alors ils détectent le passage des canards, lesquels ne sont pourtant pas autorisés à passer les écluses !

La morale de ces histoires ?
- Méfiez-vous des vacataires (vous remarquerez que j’emploie le pluriel, pour ne pas prendre de risques vis à vis du genre…)
- Méfiez vous des ingénieurs, quand ils veulent supprimer les manivelles qui marchent très bien…
- Méfiez-vous de l’informatique et des radars, qui ne savent pas faire la différence entre les petits bateaux et les gros canards (dans le sud-ouest, un comble !).

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