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De Antibes au canal du Midi

mercredi 27 juillet 2011

par (Jacqueline, Jean, Jean-François, Myriam)

Il y a 8 messages de forum.

De Antibes à Cavalaire

12 juillet

Navigation sans histoire, par vent d’est à sud-est faible (force 2, parfois 3). Paradoxalement, ce vent venant de l’arrière n’est pas le plus favorable, peu de vent apparent et un peu de houle, les voiles battent et ne portent pas, il faut s’aider du moteur.
Visibilité médiocre, on aperçoit à peine les iles de Lérins, la côte défile au loin. En début d’après-midi on passe le cap Lardié et on pique vers Cavalaire.

Le choix entre port privé et port public est vite fait : seul celui-ci accepte aujourd’hui un bateau de plus de 9m.
Petit port sympa dont j’ai beaucoup entendu parler, ouvert à tous les plaisirs (Zef, ski nautique, les initiés se reconnaitront...). La plage est noire de monde mais tout l’équipage se retrouve dans l’eau, ce qui n’est pas coutume.

De Cavalaire à Saint Mandrier

13 juillet

Pour cette étape, les affaires se corsent, la météo nous prévoit un coup de vent de nord ouest (c’est à dire un bon coup de mistral), qui doit nous tomber dessus à partir de 12h00.
Porquerolles sera intenable par ce vent, aura-t-on le temps de rejoindre Saint Mandrier, ou faudra-t-il se replier sur Hyères ?

On prévoit d’appareiller au plus tôt, pour profiter au maximum du vent portant (nord à nord-est) précédant le coup de vent et dès 7h00 on quitte Cavalaire.
Le temps est mausade, gris, pluvieux, avec une mauvaise visibilité, comme souvent par vent d’est en Méditerranée, mais enfin sous grand-voile et génois, on avance vite et vers 10h00 on est déjà par le travers de la pointe nord de Porquerolles...
Damned, la renverse de vent se fait deux heures plus tôt que prévu (il faudra réclamer auprès de Météo-France). Plein vent de bout avec de bonnes rafales, on décide de se replier sur Hyères, à l’abri par la presqu’ile de Giens.

Evidemment, tous les bateaux qui avaient passé la nuit à Porquerolles font comme nous ! A proximité du port et par précaution, on appelle la capitainerie par VHF, la réponse est claire : plus une seule place, le port est complètement saturé !
On pourrait certes mouiller sous le vent de la plage, bien abrités du vent, mais les bateaux qui ont choisi cette option roulent bord sur bord, et le coup de vent doit durer plusieurs jours... Comme le vent a un peu molli, on décide de tenter quand même Saint Mandrier.

Demi-tour pour contourner la presqu’ile de Giens (deux heures de perdues) et cap au nord-ouest, vers l’entrée de la rade de Toulon. Comme prévu, le mistral se renforce progressivement. On réduit le foc, la grand-voile, on met le moteur pour améliorer le cap... Avec le mistral, la visibilité devient excellente, le cap Sicié se profile sur babord, puis l’entrée de la rade. La mer est plate mais blanche et on gagne péniblement au vent. Une vedette de la SNSM remorquant un voilier en panne de moteur nous double tout doucement... on n’est pas les plus à plaindre !

Par VHF, le port de Saint Mandrier nous retient une place sur un ponton bien abrité. Pas de fioritures inutiles, on y va directement en marche avant (en Méditéranée, les bateaux s’amarrent traditionnellement cul au ponton, mais par vent fort la manœuvre en marche arrière est souvent hasardeuse, et pas seulement pour des bretons !).
15h30, les amarres sont passées, et même doublées !

Saint Mandrier

Le port de Saint Mandrier

Le port de Saint Mandrier s’enfonce en U dans la presqu’île du même nom. A gauche la Seyne sur mer, en face Toulon et son arrière plan de hauteurs, on peut oublier la vaste mer et le mistral pour quelque temps ! Ce port offre tous les services attendus et une certaine atmosphère de farniente méridional avec ses boulistes qui se retrouvent tous les soirs à l’heure de l’apéro.

Le lendemain nous faisons le tour de la presqu’île par le chemin des douaniers. Montée au milieu des villas, puis descente à travers les pins jusqu’à la côte rocheuse battue par une mer fort agitée. Le sentier passe au bord des rochers et contourne d’anciennes installations militaires qui défendaient la rade de Toulon.

Marche provençal a Toulon

Le 14 juillet, nous prenons le bateau-bus pour Toulon. La ville se révèle plus agréable que nous l’avions imaginé : marché provençal où nous faisons une orgie de fruits, rues anciennes, places rafraîchies par des fontaines, cathédrale de style baroque marseillais, petit musée tenu par l’association des amis de Toulon, où les menus pour la réception des marins du Cronstadt voisinent avec une maquette de navire bananier. Le soir, de la jetée, nous admirons les feux d’artifice tirés des ports avoisinants.

De Saint Mandrier à Cassis

16 juillet

Après ces deux jours passés à Saint Mandrier, le mistral s’est bien apaisé, et c’est par un confortable vent d’ouest 2 à 3 beaufort que l’on rejoint Cassis. Evidemment, c’est du près, mais enfin on ne peut pas tout avoir : grand soleil, mer calme et vent portant !

Cassis

Arrivee a Cassis

Heureusement que nous avions réservé dans la matinée car le port est plein comme… une boîte de sardines. Sur le quai les restaurants sont à touche-touche, la noria des touristes erre d’une carte de menu à l’autre en léchant des glaces.
La municipalité offre un concert de rock gratuit et obligatoire, la scène étant au milieu du port. Finalement le groupe qui fait un hommage à Queen se révèle assez bon.

De Cassis à Carro

17 juillet

Aujourd’hui, le scénario prévu par la météo à un air de déjà vu : dépression se creusant sur le var, vent de sud à sud-est se renforçant suivi d’un fort coup de vent de nord-ouest !
L’étape est courte, on part à 07h30 par sud-ouest modéré. Par téléphone, on retient une place à Carro. Dès 10h30 on passe la jetée, surprise, une pancarte "Réservé" nous attend sur le quai en béton à l’emplacement prévu, c’est bien la première fois que ça nous arrive !

Carro

Vent de suet et pluie

Le port est bien abrité du mistral mais pas du vent d’est ! En prévision on souque fortement la pendille jusqu’à la grosse chaîne et on double les amarres arrière. Bien nous en prend, en fin de la première nuit, le vent forcit sauvagement et s’accompagne d’une pluie diluvienne. La houle contourne le môle, les bateaux roulent et tirent alternativement sur leurs pendilles et sur leurs amares arrières.

Notre voisin cogne son tableau arrière sur le quai et a bien du mal à retendre sa pendille, le suivant casse la sienne (qu’il n’avait pas relevée jusqu’à la grosse chaine). A plusieurs on l’aide à s’amarrer sur les pendilles voisines. Bref, c’est la Bérézina !

Heureusement dans l’après-midi la pluie s’arrête, le vent passe au nord-ouest et la houle cesse la sarabande dans le port. Dehors, le mistral souffle à pleins poumons ! La SNSM est sur le qui-vive et fait d’ailleurs une sortie.

Carro est un port de pêche sans prétention mais calme (sauf par vent d’est !) et accueillant. Nous y sommes restés quatre nuits en attendant que le mistral mollisse.
Jean se fait du souci car celà retarde le futur rendez-vous dans l’ïle d’Oléron avec Francis et Claudine. Il prévient Claudine par mail, sans en donner le détail : Je lui dirai dans l’ïle, pense-t-il.

Le principal attrait de Carro est son marché aux poissons quotidien (sauf les jours de très fort mistral, malheureusement).
Le jour de notre arrivée, nous avons vu une exposition organisée par les pêcheurs eux-mêmes et qui retraçait le passé du port à travers de vieilles photographies, des objets et des documents. Exposition très intéressante et même émouvante, avec ce récit du sauvetage d’un paquebot (La Russie) échoué sur la côte en début du siècle dernier.

L’après-midi nous avons longé le sentier côtier jusqu’à Couronne : sur la mer, de nombreux surfistes et véliplanchistes s’en donnaient à cœur joie (comme quoi le "malheur" des uns fait le bonheur des autres !).

Plan d’eau de Martigues

Le second jour, nous avons pris le bus pour aller visiter Martigues. Son vieux quartier sur l’île est charmant avec son plan d’eau qui a inspiré peintres et cinéastes. Au musée du cinéma, confortablement installés dans de gros fauteuils en cuir, nous avons regardé des extraits de films tournés à Martigues. Et juste avant de reprendre notre bus, nous avons pu assister à la parade du festival de Martigues qui commençait le lendemain.

Nous y sommes donc retournés le troisième jour, pour participer (cette fois-ci dans des chaises longues !) aux "Siestes du bout du monde" : Une façon agréable d’écouter de la musique et des chants (ce jour-là, un trio mexicain). Et pour finir, visite au musée de peinture d’une exposition sur Ziem, dont les tableaux avaient été sortis des réserves du Petit palais pour rendre hommage au peintre dans sa ville natale.

De Carro aux Saintes Maries de la Mer

21 juillet

Le mistral a molli mais ça ne doit pas durer : départ à 05h30 pour arriver aux Saintes Maries avant sa reprise. Effectivemet dès 09h00 le vent se renforce, et c’est avec un bon force 5 qu’on arrive au port, pour s’amarrer nez au ponton, à la bretonne !

Les Saintes-Marie de la Mer

Nous y avions déjà fait escale l’an dernier : l’église est toujours impressionnante par ses proportions et ce contraste entre sa blancheur à l’extérieur et sa noirceur à l’intérieur.
Mais comme à Cassis, la foule de l’été ne donne guère envie de s’y attarder. Le temps de siroter un jus de fruits à une terrasse de café, de faire quelques courses et vite, retour au bateau. et dodo (ce matin, on est partis à 5h30, ne l’oublions pas).

Des Saintes Maries à Frontignan

22 juillet

Aujourd’hui, le vent est modéré d’ouest sud ouest. Il s’agit surtout de savoir où on peut démâter pour rejoindre le canal du midi.
Appelée par téléphone, la capitainerie de Sète nous annonce que c’est impossible, la grue étant en panne pour encore un mois ! Les ports de l’étang de Thau se défilent également, reste Frontignan qui dispose du matériel adapté. Seul inconvénient : le port n’est pas relié directement à l’étang de Thau, il faudra ressortir en mer et rejoindre un canal intermédiaire (dit de la Glacière) donnant sur Frontignan-ville puis l’étang. A défaut d’autre solution, on prend donc le cap sur Frontignan-port où l’on s’amarre en début d’après-midi.

Dès le lendemain matin, on prépare tout pour le démâtage (dépasser les drisses et écoutes, déconnecter les fils électriques du mât, affaler les voiles, desserrer les ridoirs...
En affalant le génois, on fait une fausse manip, la drisse s’enroule autour du tube et se coince. Jean doit monter au mat pour défaire les coques, et on peut enfin abaisser la voile !

A 15h00 on se pointe sous la grue, il y a 25 noeuds de vent dans le port, et les maneuvres sont assez chaudes, mais enfin tout se passe bien !

dematage

Le mat solidement amarré sur le pont (balcon avant et croisillon à l’arrière) il s’agit maintenant de ressortir du port et de rejoindre le canal de la Glacière. On s’assure que la VHF portable fonctionne bien (mât sur le pont et antenne déconnectée, la VHF principale n’est plus utilisable) et on sort du port. Avec ce mistral de nord ouest, le fetch est limité (environ 500 m) mais le clapot est déjà bien formé et le vent de force 7 bien tassée. Au GPS, on s’assure de la vitesse : on avance bien, presque 4 noeuds. Quand l’étrave cogne dans une vague, c’est impressionnant de voir l’écume gicler à l’horizontale au dessus du pont... ou dans le cockpit ! Un mille et demi un peu tendus, on donne du tour à la jetée sud du canal, on abat en grand et c’est enfin l’eau calme. Encore quelques milles tranquillles et on arrive à Frontignan ville.

Marie Sereine dematee

Frontignan-ville

Nous nous amarrons près du pont de chemin de fer, au pied des caves de dégustation du vin de Frontignan. Le cœur de la cité, fermement républicaine, entoure un hôtel de ville monumental et non l’église attendue. La serveuse du restaurant auquel nous nous attablons nous dit sa déception : ses trois soirées à thème ont été boudées par les locaux à cause de la tramontane. Quant à nous, nous mangeons notre paella, écoutons le chanteur espagnol et rentrons vite au chaud.

Traversée de l’Etang de Thau

24 juillet

A renforcer l’amarrage du mât !

Appareillage à 09h00. Ce matin, même vent que la veille : mistral (ou tramontane ?) de nord-ouest, 6 à 7 avec rafales.
A la sortie du canal, l’étang de Thau apparait blanc d’écume, avec des vagues assez formées. Vent de bout’, ça tangue d’abord puis, passées les deux premières tourelles, on abat et ça roule, mais on avance mieux. Par précaution, Jean va poser une cravate supplémentaire à l’avant du mât, pour éviter tout risque de ripage.

Deux bateaux à moteur (d’eau douce) viennent à proximité et demandent de nous suivre, sans doute faute d’une carte de l’étang. On suit le chenal de bouées en bouées, le plus près possible de la cote nord pour diminuer le fetch (les parcs à huitres sont bien visibles). Enfin, après sept milles un peu humides, la tourelle des Ouglous se dessine. On embouque le canal quasi invisible derrière ses deux bouées vertes, la base cautique des Glénans défile sur babord, tout n’est plus que calme et volupté....

Arrivée au canal du midi

Mimi, qui ne l’a vécu qu’à travers le blog de 2010, l’attend avec impatience. Première écluse, les mariniers qui ont un peu perdu la main, n’ont pas vu l’escalier qui précède les portes et permet à l’équipier de débarquer pour récupérer les amarres. Celles-ci sont donc lancées comme des lassos autour des bittes d’amarrage, ce qui nous vaut une remarque de l’éclusier. Mais le métier revient pour aborder la belle écluse ronde d’Agde. A la nuit tombante, promenade jusqu’au centre ville où se dresse une cathédrale-donjon de pierre noire. Plus loin sur une placette, une scène est montée et les habitants d’un certain âge attendent les artistes… qui se révèleront d’anciennes gloires locales interprétant des airs d’opéra pour le plus grand plaisir du public.

Entree dans le canal du Midi

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