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Traversée de la mer ionienne

De Missolonghi à Roccella Ionica

jeudi 2 juin 2011

par (Jacqueline, Jean, Jean-François, Myriam)

Il y a 14 messages de forum.

Missolonghi – Astakos


(mercredi 24 mai)

Mercredi matin, pas mal de vent d’est, les bateaux voisins ne bougent pas et on se trouve serrés comme sardines en boite. Gentiment les voisins libèrent un passage en portant d’autres aussières sur le ponton. Jean tire vigoureusement sur la pendille et nous voici dans la darse, avec suffisamment d’espace pour nous dégager.

Dès la sortie du long canal de Missolonghi, le vent des jours précédents nous cueille vigoureusement, force 6 avec rafales à 7. On avance vite plein vent arrière et sous foc seul, en roulant bord sur bord. Harnais obligatoires. La mer est bien formée et déferle sérieusement.
On passe l’île d’Ixia, le vent change complètement et c’est par une confortable brise de nord-est, mer plate et grand soleil que l’on progresse entre les nombreuses îles, jusqu’à la baie d’Astakos.

Astakos

Astakos est une petite ville animée et plutôt agréable mais qui n’a rien d’exceptionnel.
Que vous raconter ? Comme d’habitude, l’équipage va se baigner à la plage pendant que le capitaine, en vrai marin, nous attend tranquillement à l’ombre sur un banc public.
Comme d’habitude, nous allons prendre notre apéro-mezze à la taverne du port, juste en face du bateau.
Pas comme d’habitude, le lendemain matin, Jacqueline va chercher des croissants pour le petit déjeuner…

Astakos-Prévéza

(jeudi 25 mai)

Le pont tournant de Levkas

On décide de ne pas rester à Astakos. Dès le matin du jeudi on quitte la baie plein vent arrière. Belle journée, vent calme et moteur. Popaul (mais si, rappelez-vous, c’est notre pilote automatique) nous conduit sans coup férir à l’entrée du canal de Levkas. Beau paysage entre les marais jusqu’au pont tournant de Levkas-ville. Il s’ouvre aux heures pleines : quelques minutes à faire des ronds dans l’eau, trois coups de sirènes, les voitures s’arrêtent et c’est à nous de passer...

Ayant renoncé aux délicieux (et célèbres dans toute la Grèce) saucissons de Levkas, on poursuit notre route par un petit bord de près, jusqu’au port de Prevezza situé à l’entrée d’une petite mer intérieure.
Le bassin du port avait bonne allure sur le livre, il s’avère décevant, certes calme pour y dormir, mais assez sinistre. C’est sans hésitations que l’on décide de repartir le lendemain vers Paxos

Prévéza-Paxos

(du vendredi 26 au lundi 30 mai)

Ruelle menant chez Vivi a Paxos

Paxos, nous connaissions déjà : la plus petite mais sans doute la plus jolie des îles ioniennes. Un endroit propice pour se reposer avant la Grande Traversée pour l’Italie.
A 100 mètres du bateau, dans une petite ruelle, on a déniché l’abri idéal chez Vivi et Babis Dakouras. Vivi est une mamie grecque alerte et chaleureuse ; Babis, son fils, tient une école de plongée à Paxos.

Deux nuits dans un vrai lit et une journée entière pour aller à sa guise, farnienter, se baigner, prendre une douche, envoyer ses mail. Le soir, chaque couple sort en tête à tête…

Vivi et son fils


Mais dès le lendemain matin, le quatuor se retrouve sur le bateau. Ce n’est pas rien de se préparer à une traversée de 36 heures ! Nous faisons le plein à ras bord de gazole, le plein d’eau douce (même la dernière vaisselle est faite hors réserve), des courses monstrueuses. douze litres d’eau minérale, trois gros pains.
Les femmes se mettent ensuite à la confection des repas, les casseroles virevoltent dans le coin cuisine : on prépare deux excellentes salades de mer et un rôti de porc aux légumes bien fermé dans la cocotte minute et calé dans les fonds.
Les hommes vérifient le bateau. Toutes les infos météo ont été extraites des sites internet jusqu’au dernier bit. Le bateau a été nettoyé et rangé, nous sommes fin prêts. On se couche tôt pour se réveiller tôt (appareillage à 6 heures !).

Paxos-Le Castella

(du lundi 30 au mardi 31 mai)

L’aube se leve a la sortie de Paxos

Grande traversée de la Grèce vers l’Italie (150 milles). Le bateau est archi prêt, ainsi que l’équipage. On part à l’aube naissante.
Lever du soleil entre Paxos et Antipaxos.
Calme blanc, pas une ride sur l’eau jusqu’à midi.

Le vent se lève alors assez rapidement, et devient franchement musclé : 20 à 26 noeuds qui nous accompagneront jusqu’à l’arrivée. _ Honnêtement, ça n’a rien de confortable d’autant que la mer esr creuse, confuse, que le bateau tape régulièrement dans le clapot, roule sérieusement dans la houle, et que les déferlantes s’invitent à bord un peu trop souvent !

La voilure est assez fortement réduite, mais il faut quand même manoeuvrer fréquemment :
- Moins de 19 noeuds, on se traîne, il faut renvoyer du foc et/ou de la grand-voile.
- Plus de 20 noeuds, ça gîte et ça cogne trop, il faut réduire.

Ce petit jeu va durer toute la nuit, et on adapte le système de quart pour maneuvrer à trois, ce qui s’avère beaucoup plus facile :
l’homme hors quart s’allonge dans le carré mais reste habillé et prêt à bondir. Si ça force et à la demande du quart, il se pointe dans la descente, aide à la réduction de toile puis revient vite sur sa couchette pour grignoter un peu de sommeil.
Ce manège va durer jusqu’à l’aube !

Suite à ce compte-rendu du capitaine, voici deux vécus de la traversée par deux membres de l’équipage.

Le quart d’heure méditatif de Jacqueline
C’est notre premier quart de jour (JF et moi), entre 9 et 11 heures. Le démarrage se fait en douceur. Pas un souffle de vent. « Popaul » travaille pour moi. Un jour laiteux et brumeux qui renforce le sentiment d’irréalité. On ne voit plus la terre.
Je n’ai absolument rien à faire… juste à être. Je repense à Camus dont j’ai écouté l’émission podcastée par Myriam sur France-Culture (son sport favori). Je me sens en total accord avec cet homme qui savait goûter la beauté du monde sans renoncer à sa lucidité et à son engagement. Une clairvoyance et une pénétration hors du commun jointes à la plus grande simplicité et une certaine forme d’hédonisme.
Notre second quart (13h-15h) sera beaucoup moins contemplatif…

Les heures houleuses de Mimi
Le vent arrive, mais accompagné d’une houle dont on se passerait. Les quarts se succèdent (deux heures par couple le jour, trois la nuit). Quand on n’est pas de quart on va se reposer à l’intérieur, enfin on essaie, car c’est la vraie balançoire ou plutôt une attraction foraine diabolique. Chaque fois qu’on descend dans le carré, il faut quitter harnais et ciré en vitesse et s’allonger.

Soudain, Mimi est prise de vitesse et pose la seule question importante dans son état à Jean : "plutôt un seau ou l’évier ? " C’est l’évier qui sera le bienvenu pour évacuer le trop plein de l’estomac.

Pas moyen de boire une goutte d’eau, finalement de toute la traversée on n’absorbera qu’une demie banane, un biscuit et des « Pom’pote ».
Le rôti de porc s’avérera délicieux… une fois au port.

Le Castella –Roccella Ionica

(du mardi 31 mai au jeudi 2 juin)

La forteresse du Castella

Bien contents d’arriver au Castella en début d’après-midi où nous pensions trouver facilement un havre. Après avoir fait deux fois le tour de la marina, on se résout à s’amarrer au quai des bateaux de pêche près du ketch de George et Mary (C’est comme cela qu’on baptise ce charmant couple anglais). Puis la troupe part en direction du village dont le principal commerce est la vente d’objets en Terra Cotta auquel les filles ne peuvent résister.
Complètement inconscients de ce qui se trame au port de pêche, nous poursuivons par la visite de la forteresse du Castella, construite au treizième siècle par les seigneurs angevins. Trois siècles plus tard, Barberousse, le célèbre pirate algérien, brûla le château et enleva femmes et enfants.

Au retour de la visite, George et Mary nous disent que les pêcheurs de retour au port nous ont maudits d’avoir pris leur place et nous invitent à nous mettre à couple de leur bateau, lui même à couple d’un chalutier.

Boum, Boum ! « Scapho ! » Il est quatre heures du matin, on est réveillé par le chalutier qui s’apprête à partir en mer. On s’habille à la hâte, on libère les amarres et on dégage.

A velo en direction de Roccella Ionica

Après neuf heures de navigation sans histoire nous atteignons Roccella Ionica où nous nous amarrons à un ponton à catway (le luxe) au milieu d’une escadre de voiliers français. On pense déjà avec émotion aux pizzas délicieuses que nous avions dégustées l’année dernière au restaurant de la marina (voir épisode précédent)
.
Nous y retrouvons la serveuse si compréhensive et le vieux monsieur qui graisse avec amour les vélos prêtés par la municipalité. Vélos qui vont nous permettre de faire nos premières Promenades en Italie.
On sympathise avec nos voisins Jean-Pierre et Brigitte, des méridionaux qui naviguent avec un autre voilier habité par un jeune homme et sa chienne Tam.

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