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De Syros à Missolonghi

Du 14 au 23 mai

lundi 23 mai 2011

par (Jacqueline, Jean-François, Myriam)

Il y a 18 messages de forum.

Syros Kithnos

Après avoir bien goûté aux charmes de Syros, nous reprenons la mer avec plaisir, d’autant qu’il fait grand beau et que le vent est redevenu maniable. Pour éviter une navigation au près, on décide de faire le tour de Kythnos par le sud et de remonter le long de sa côte ouest.

Vue du sommet de l’ilot

On passe le port principal de Merikas pour aller mouiller dans une petite baie paradisiaque, abritée de tous les vents. Quelques voiliers s’y dandinent doucement, entre un petit îlot à gauche et une langue de sable qui le relie à l’île principale.
Mimi et Jacqueline font une courte trempette courageuse et renoncent (l’eau est à 15°). On gonfle l’annexe pour aller visiter l’îlot. La vue depuis son sommet, près d’une chapelle, est grandiose. On a juste le temps de redescendre pour profiter d’un coucher de soleil à vous couper le souffle.


Kithnos Poros

Fin de notre période cycladique, aujourd’hui on rejoint le Péloponèse et plus précisément la petite île de Poros, à l’entrée sud du golfe Saronikos. La traversée est un peu longue, faite pour l’essentiel au moteur. Le vent se lève juste en arrivant dans l’étroit chenal qui sépare Poros du Péloponèse.

On s’y reprend à deux fois pour mouiller (problème d’orin) mais finalement la Marie se retrouve bien à poste, on va pouvoir la laisser sans crainte pour aller visiter Epidaure. Epidaure, visite imprévue sur notre parcours mais qui nous ravit. Un petit bateau-taxi et son aimable chauffeur nous transborde sur le Péloponèse. Comme de vrais Grecs, on négocie une voiture de louage et nous voilà partis sur la belle route côtière.

Epidaure

Le theatre d’Epidaure

Sanctuaire d’Asclépios, dieu de la médecine, où des pélerins venaient de tout le monde grec pour se faire soigner par les bains, les plantes et surtout les songes inspirés par le dieu au serpent.

"Asclépios, à défaut de te sacrifier un coq, nous ferons brûler pour toi la graisse d’un poulet.
Envoie nous des songes réparateurs et accorde nous la santé du corps et de l’esprit."

Le théâtre d’Epidaure, exceptionnellement bien conservé, nous impressionne par ses dimensions et son acoustique remarquable : depuis le centre de l’orchestra, un chuchotement s’entend jusqu’au dernier gradin.

Le recitant d’Epidaure

Sous les applaudissements des spectateurs, Jacqueline y déclame" la Lorelei", JF et Mimi "Heureux qui comme Ulysse". Jean joue l’éminent personnage, assis sur une banquette de marbre du premier rang, il ne lui manque que le peplos.

Les autres bâtiments du site sont plus ruiniformes, on distingue cependant un beau mur de l’enkoimeterion, bâtiment d’incubation, et quelques colonnes du tolos rond dont les caves labyrinthiques enfermaient les serpents du dieu.


Poros Korfos

Ne pouvant aller d’une seule traite vers le canal de Corinthe, on a choisi Korfos comme étape intermédiaire. Un petit vent d’est nous y pousse gentiment, voiles en ciseaux.
En arrivant dans la baie, Georgios agite frénétiquement une pendille. C’est irrésistible, on mouille cul à quai juste devant son restaurant. Il nous tend une planche pour débarquer, elle est juste au niveau de la première table !

Korfos est un charmant village ancien avec de toutes petites maisons de pêcheurs, mais plus loin s’étend un quartier de villas dont un bon nombre est inhabité ou non fini. Est-ce la crise dont nous parlent les aubergistes ? Ils nous disent ne pas avoir augmenté leurs prix depuis trois ans alors que dans le même temps les taxes ont augmenté trois fois. Nous apprenons par la radio que l’état va encore réduire les revenus des fonctionnaires. Pauvres Grecs qui aiment la belle vie et la générosité !


Korfos Corinthe

Formalites accomplies

Quinze milles pour atteindre l’entrée est du canal. On s’amarre à quai pour des formalités, qui n’ont plus de secret pour nous (d’ailleurs l’officier de port va retrouver les données de la Marie Sereine, saisies l’an dernier sur son ordinateur).
Après une demi-heure d’attente, un autre responsable vient demander à tous les bateaux de quitter le port, une énorme barge doit sortir et prendre toute la place. A 15h00 on embouque enfin le canal, toujours aussi impressionnant.

A la sortie ouest du canal, on se dirige vers le port de Corinthe, tout proche. L’arrivée y est franchement glauque : un excité fort désagréable (et pas à jeun) court d’un quai à l’autre pour prendre les amarres des bateaux arrivant et leur extorquer une liasse d’euros. On refuse, il se fait menaçant mais, finalement, la police grecque l’embarque !
On n’en mène quand même pas large pour la nuit.

Gens de mer, gens des ports
Lors de notre périple nous croisons des gens qui naviguent depuis plusieurs années.
Qui sont-ils, qu’ont-ils laissé derrière eux, que cherchent-ils ?
- Retraités qui ont préféré l’exiguïté d’un bateau et les aléas de la mer à la tondeuse à gazon.
- Parents partant avec le dernier enfant qui vivra une belle aventure et suivra l’école grâce aux cours par correspondance.
- Jeune couple qui navigue et travaille quand le besoin s’en fait sentir : charpenterie de marine, voilerie et sellerie.

Reviendront-ils chez eux, mais où est leur chez eux ? A côté d’eux, nous nous sentons moins aventureux et plus attachés à notre environnement terrestre.

A l’arrivée au port, l’équipage confronté longuement aux éléments, a soif de paroles. Souvent il rencontre des gens aussi désireux de parler :
- marin solitaire,
- skipper avide de partager ses expériences maritimes,
- terrien en rupture de ban.
Ainsi à Corinthe, un Canadien polyglotte nous livre sa vie, cite Rilke et Saint John Perse. Il nous dit être lassé des Grecs et désireux d’un environnement plus policé.
Mais qu’est ce qui l’a amené à Corinthe d’où il semble résolu à partir ? _ Quel vent a poussé ces Pakistanais vers des ports grecs où on les voit errer toute la journée à vendre des CD défraîchis ?

Corinthe Galaxidhi

Galaxidhi

On quitte Corinthe sans regret, bien que le vent soit plein debout. Dans l’après-midi le ciel devient bien sombre, il pleut, le tonnerre gronde et le vent grimpe à 30 noeuds dans les rafales. On réduit la toile et on fait le gros dos...
Heureusement le ciel se dégage progressivement, le bleu hellénique envahit tout et c’est par une jolie brise portante que l’on passe le dernier cap. Les deux petites îles au nord du port se rapprochent, on passe entre elles pour pénétrer dans la baie étroite et bien protégée de Galaxidhi : le port et le village vont tellement nous enchanter qu’on décide d’y passer une journée entière.


Galaxidhi

Bordé à l’est par une péninsule parsemée de pins et à l’ouest par une ville étalée sur un monticule rocheux, Galaxidhi respire le calme et la beauté. Après notre navigation éprouvante de la veille, c’était l’endroit idéal pour se reposer.

Une des occupations au port, quand on est bien amarrés, c’est de voir (et surtout de commenter) les manœuvres d’arrivée et de départ des autres voiliers. C’est évidemment beaucoup plus drôle quand l’équipage merdoie et s’engueule !
Ce petit plaisir (peu charitable) n’empêche pas Mégalo et Micro Kapitan d’accourir sur le quai pour aider à l’amarrage.

A Galaxidhi, nous avons joint l’utile à l’agréable :
- Lessive (transportée en scooter par un vieux Grec très gentil !), douche (ce n’est pas du luxe après trois jours en mer) et le plein d’eau, le plein de gaz, le plein de fuel
- Visite du musée nautique rénové qui rappelle la prospérité du port aux XVIIIème et XIXème siècles en exposant de belles figures de proue (j’ai appris qu’on les peignait en noir quand le capitaine était mort), divers instruments de navigation et des pièces de gréements anciens.


Galaxidhi Navpaktos

On pensait retourner à Trisomia (l’île aux chats de l’an dernier) mais, une fois de plus, Eole en a décidé autrement. Windguru (le site météo) nous annonçant un fort vent d’est dans les prochains jours, on décide de continuer jusqu’à Navpaktos pour essayer de rejoindre Missolonghi avant le coup de vent.

Navpaktos est un adorable petit port médiéval au pied d’une forteresse et d’un château vénitien. Un vrai petit bijou. Petit, c’est le cas de le dire : il ne comporte que trois places pour les voiliers !

Les remparts la nuit...

Au Moyen-Age, la ville était connue sous le nom de Lépante (mais si, vous vous rappelez, c’est là où les Turcs se sont rassemblés avant la fameuse bataille du même nom). A l’ouest du port, on trouve aussi une statue de Cervantès, le père de Don Quichotte, qui a perdu sa main gauche dans la bataille (contre les Turcs, bien sûr).

Sur le quai, un pêcheur repasse des centaines de mètres de filet pour y repérer et réparer les accrocs faits par les poissons. En moi-même, je me dis que ce filet est sans fin, un peu comme un pays où l’on n’arrive jamais.

Comme il n’est pas trop tard, on va se baigner sur la plage de galets à droite du port et le soir, on sort en ville pour manger des moules chez Papoulis.


Navpaktos Missolonghi

La météo n’étant pas très bonne, on quitte Navpaktos dès potron minet, ne voulant pas être pris au piège de ce minuscule abri. Bien nous en prend. Le vent monte progressivement et on a déjà 25 noeuds (heureusement d’arrière) pour passer le gigantesque pont de Rion.
Sévère réduction de toile et harnais.

Passé le pont, c’est le golfe de Patras qiu s’ouvre à nous, mais le vent ne faiblit pas, bien au contraire : un bon force 7, mer forte et qui déferle sérieusement. On tire des bords au grand largue pour éviter le plein vent arrière.

Les bouées d’entrée dans la lagune de Missolonghi apparaissent, on s’engage dans le long canal qui mène à la marina du port. On s’y amarre sérieusement, pour encaisser les fortes rafales qui vont nous tomber dessus dans l’après-midi.
Le soir, ces messieurs font la cuisine pendant que ces dames transforment la cabine avant en salon de massage. Le repas étant à leur goût, elles déclarent que dorénavant le repas du dimanche soir sera préparé par les hommes (sauf exception, précisent-ils).

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