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De Lorient à Oléron

samedi 5 juin 2010

par (Jacqueline, Jean-François)

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Voici le récit de la première semaine de croisière, entre Lorient et Saint Denis d’Oléron. Nous nous approchons enfin du sillage d’Ulysse.

Dans le sillage d’Ulysse, c’est le nom de baptême de notre croisière : certes, l’intrépide héros n’avait pas navigué dans les mers de Bretagne mais on a trouvé l ‘expression poétique et le but c’est quand même de gagner Ithaque (et autres îles grecques).

Les membres de l’équipage, vous les connaissez déjà mais je vous les présente quand même : Jean-François, propriétaire du bateau « Marie-Sereine » (un Gibsea 31) et compagnon de Jacqueline, Jacqueline (compagne de Jean-François et sœur de Jean), Jean (frère de Jacqueline et compagnon de Myriam) et Myriam (amie des deux premiers et compagne de Jean).
Pendant le premier mois, nous ne serons que trois car Mimi finit son année scolaire (il faut bien qu’il en reste quelques-uns au travail pour payer nos retraites !) et nous rejoindra début juillet.

On essaiera de tenir le journal régulièrement et on espère que vous nous ferez signe en répondant à nos articles (il suffit de cliquer sur « répondre à cet article » et d’écrire votre commentaire).

Dimanche 30 mai : Lorient

Bonne fête à toutes les mamans ! Pour nous, une autre fête se prépare…Demain, si Eole le veut, nous larguons les amarres ! Quelques derniers préparatifs et la Marie-Sereine va quitter son bassin pour deux ans.

Hélas, j’ai parlé trop tôt ! On a fait le plein d’eau juste avant de partir, en coinçant comme d’habitude le tuyau dans le nable de pont. Mais cette fois, sous l’effet de la pression le réservoir semble exploser et on retrouve le coffre arrière rempli de flotte !. Et les batteries baignent dans l’eau ! Vite, on écope, on les retire, heureusement, elles semblent fonctionner. Après examen minutieux de la « vache » (nom donné au réservoir d’eau), on découvre une toute petite déchirure près d’un bouchon. Va t-on pouvoir réparer tout ça, faudra-t-il changer le réservoir… En tous cas le départ va être retardé d’au moins un jour, fâcheux contretemps quand on veut rejoindre Ulysse !

Lundi 31 mai : de Lorient à Port Tudy sur l’île de Groix

Réparation du réservoir

Dès potron-minet, Jean-François et Jean partent en bus (on n’a plus de voiture) en quête de la bonne solution : Une colle miracle pour poser une pièce de caoutchouc, la pièce magique qui colmatera la déchirure, un nouveau réservoir, …. Ils finissent par trouver la pièce adhoc : c’est un bouchon très perfectionné formé de deux coques qui enserrent la paroi déchirée. Je vous passe les détails de la manœuvre plutôt délicate…on teste prudemment l’étanchéité en remplissant à nouveau le réservoir : plus la moindre goutte. Hourrah ! On va pouvoir quitter le bassin aujourd’hui (les portes ouvrent entre 17h30 et 18h).
Du coup, on décide de gagner Groix qui n’est qu’à 8 milles de Lorient. La traversée se fait d’un bord. A Port Tudy, deux charmants messieurs se précipitent pour prendre nos amarres… C’est tout l’intérêt des croisières en juin.

Mardi 1er juin : de Groix à Sauzon de Belle-Ile

Sauzon à Belle-Ile

Une étape de 18 milles au petit largue pour nous amariner en douceur. A Sauzon, on prend une bouée dans l’avant-port et on gonfle l’annexe pour aller à terre. Jolie ballade le long de la ria et, au retour, Mme David (épouse légitime de Jean-François David, marin-pêcheur à Sauzon !) nous vend trois beaux rougets fraîchement pêchés. On prend l’apéritif dans le cockpit avec les derniers rayons du soleil et en compagnie des mouettes (pas très rieuses) qui attendent qu’on leur lance les têtes des rougets.

Mercredi 2 juin : de Belle Ile à l’Herbaudière de Noirmoutier

Réveil à 7h30, ce matin. Ca branle fort dans l’avant-port (qui n’est pas abrité du N.E), le petit déjeuner est un peu laborieux pour ce qui me concerne (si vous voyez ce que je veux dire) et on a hâte de partir. Il y a 45 milles jusqu’à l’Herbaudière et, comme on est vent arrière, on hisse le spi (pour les néophytes, c’est une voile d’allures portantes, elle se hisse à l’avant du bateau et est amurée sur un tangon).

Deux heures de bonheur sur une mer plate …mais le vent tombe, il faut affaler le spi et mettre le moteur. On décide de sortir le pilote automatique (Popaul pour les intimes) qui nous conduit sans zigzaguer jusqu’au ponton visiteurs de l’Herbaudière. Ce soir, au menu, moule-frites et bière à la brasserie du port.

Jeudi 3 juin : de Noirmoutier à Port Joinville de l’île d’Yeu

Après concertation, on a décidé de gagner Oléron en trois étapes (Yeu, Sables d’Olonne, Saint-Denis). La météo annonçait un vent d’est force 4-5. En fait, il n’y a pratiquement pas de vent et on ne va même pas assez vite pour attraper les maquereaux à la traîne ! Par contre, ça commence à ressembler à une croisière méditerranéenne : les shorts remplacent les pantalons et les crèmes solaires traînent dans le cockpit… Cet après-midi, ces messieurs bricolent pendant que j’écris notre journal.

Port Joinville

Après dîner, petite balade dans les rues désertes de Port Joinville et soirée dans un bistrot du port, où les habitués descendent force verres de rosé en regardant le match de foot.

Vendredi 4 juin : de l’île d’Yeu à Port Bourgenay

Aujourd’hui, la mer est un grand drap de soie moirée. Dans la marine, on appelle ça une mer d’huile. On met le moteur, on installe le pilote. Les deux hommes s’éclipsent dans le carré : JF installe un filet dans la cabine arrière pour agrandir son espace de rangement, Jean travaille sur son site à l’ordinateur. Quant à moi, j’ai la lourde responsabilité de surveiller les casiers car Popaul ne dérive pas d’un poil même si un petit drapeau se profile dans le cap (chaque casier comporte un flotteur, une hampe et un petit drapeau). Autrement dit, je me prélasse au soleil en jetant un vague coup d’œil de temps à autre à l’avant du bateau !
Après 7 heures de route, un petit vent arrière nous permet quand même de hisser les voiles : on empanne la GV (grand voile) et on croise le génois (la voile qui est à l’avant du bateau) en papillon ce qui donne au bateau un air majestueux.

Bourgenay est un port tout neuf, avec des maisons et un phare en imitation, on se croirait dans un village vendéen de poupée.

Jeudi 5 juin : de Bourgenay à Saint Denis d’Oléron

Joli vent portant, force deux trois. Aujourd’hui encore on tangonne le génois en papillon. Beau temps un peu brumeux, on aperçoit à peine le phare de la Baleine et sa tourelle des Baleineaux, au nord de l’Ile de Ré. Puis on croise un bateau fantôme, qui zigzague toutes voiles dehors et sans personne à la barre. Plusieurs hypothèses sont émises : partie de bête à deux dos, querelle de ménage à l’intérieur, mutinerie et abandon du bateau ? On continue notre route vers le phare d’Antioche, où la houle déferle avec bruit. L’arrivée à saint Denis se fait pile à marée basse, et même un peu trop basse pour le tirant d’eau du bateau. On préfère prendre une bouée en attendant que la mer remonte. L’entrée dans le port se fait au pas, au cas où il n’y aurait pas assez d’eau sur le seuil. Ouf, ça passe et on s’amarre à un ponton non prévu pour les visiteurs, mais tellement tranquille.
Après dîner, Jean installe la chaîne haute fidélité (en fait un minuscule ampli qui lui donne bien du fil à retordre – ou plutôt à ressouder). A la tombée de la nuit, le vent se renforce et la petite dépression orageuse pointe son nez, comme prévu par la météo.

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